Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Dans plusieurs pays d’Afrique de l’ouest le constat est le même : les médias sont souvent des fauteurs de violence. Pour l’Institut Gorée, le moment est venu de renverser la tendance.
Qui détient l’information détient le pouvoir ! Sous ce rapport, l’information reste un puissant levier dont la gestion requiert compétences et responsabilité. Ce qui n’est souvent pas le cas dans les sociétés actuelles où la gestion de l’information constitue un défi majeur. En Afrique, les drames liés à une gestion inappropriée du pouvoir d’informer sont multiples et continuent de charrier leurs lots de malheurs. Dans tout conflit, quel qu’en soit le stade, l’absence d’informations ou la manipulation même de cette « denrée », peut plonger les populations touchées dans l’angoisse et le désespoir, et les rendre vulnérables. D’où l’importance de former les acteurs des médias dans le traitement de l’actualité liée aux conflits. « Quelle posture des médias pour éviter l’exacerbation des conflits en Afrique de l’Ouest » ? Une interrogation à laquelle l’Institut Gorée s’est employé à apporter des réponses efficientes dans la sous région ouest africaine à travers un atelier de formation organisé par l’Institut du 20 au 23 avril 2015.
A l’intention de 30 journalistes et professionnels des médias, en provenance de 10 pays de la CEDEAO, cette rencontre vise à développer une sensibilité aux conflits chez les acteurs des médias. A l’issue, le concept de « journalisme sensible aux conflits » ou de « journalisme de paix » deviendra une réalité. Par l’expression « journalisme de paix » ou « journalisme sensible aux conflits », le Gorée Institute entend « un journalisme qui milite en faveur de la paix et la cohésion sociale, qui ne se contente pas seulement de couvrir les guerres et les autres crises sociopolitiques, mais qui contribue aussi à les prévenir ». De ce point de vue, un journaliste de paix est « un observateur, un informateur mais surtout un agent d’apaisement ». Dès lors, la sensibilité aux conflits est la capacité pour un professionnel de l’information de comprendre le contexte dans lequel il réalise son reportage ; comprendre les effets de son activité professionnelle sur ce contexte pour agir à la lumière de la compréhension qu’il a de ce contexte. Le tout vise à renforcer la contribution des médias à la consolidation de la paix, la prévention des conflits et la promotion des droits de l’homme en Afrique de l’ouest.
A l’issue de cette formation, un manuel pédagogique sera produit et mis à la disposition des acteurs. Une formation qui est partie d’une réflexion autour de la question, suivie d’un travail de recherche qui a abouti à la production d’un ouvrage et à l’organisation de deux ateliers de formation.
Par Amadou Ndiaye, Journaliste