Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
L’Afrique de l’Ouest est extrêmement riche en ressources naturelles ; c’est aussi une région qui a concentré quelques conflits internes parmi les plus sanglants du vingtième siècle. Entre le début de l’année 2011 et les premiers mois de 2012, la quasi-totalité des États de la sous-région ont été touchés par des épisodes de violence ou d’instabilité politique. Pour changeants et différents qu’ils soient, ces « systèmes de conflits » ont un point commun : les tensions et dynamiques compétitives qui les sous-tendent ont pratiquement toujours une composante liée à l’accès aux ressources naturelles, même si cette dimension est parfois éclipsée par des discours identitaires, des revendications politiques, et d’autres considérations d’ordre géostratégique.
Par conséquent, la gestion des terres et des ressources naturelles compte parmi les défis critiques auxquels les pays d’Afrique de l’ouest sont aujourd’hui confrontés. L’exploitation des ressources naturelles de valeur, qu’il s’agisse d’hydrocarbures, de gaz, de minéraux ou de bois, a souvent été associée à la genèse, à l’escalade ou à la persistance de conflits violents qui minent le développement de la sous-région. On observe aussi une multiplication des situations de concurrence et de conflit face à une diminution de ressources renouvelables, notamment en eau et en terres. Cet état de choses a été encore aggravé par la dégradation de l’environnement, la croissance démographique et le changement climatique. La mauvaise gestion des terres et des ressources naturelles a contribué à la création de nouveaux conflits, tout en compromettant la résolution pacifique de ceux qui existaient déjà.
Pour le Gorée Institute, le lien entre les ressources naturelles et les conflits est avant tout un problème politique qui requiert des solutions politiques et globales. Les ressources naturelles ne sont pas en elles-mêmes des facteurs de conflit ; ce sont les processus d’interaction humaine s’y rapportant qui peuvent l’être. Autrement dit, ce qui pose problème, ce n’est pas la simple présence des ressources naturelles mais la façon dont elles sont gérées. Afin de contribuer à améliorer les capacités de gestion des terres et des ressources naturelles, et de prévenir les conflits liés à leur exploitation en Afrique de l’ouest, le Gorée Institute a mis en place le projet « Ressources Naturelles et Prévention des Conflits » qui poursuit les trois objectifs prioritaires ci-dessous :
Ø Le premier consiste à clarifier certaines notions fondamentales de la relation entre ressources naturelles et conflits, par le biais de la présentation de l’évolution du positionnement des différents acteurs vis-à-vis de cette problématique.
Ø Le second consiste à appliquer ce travail conceptuel à la réalité conflictuelle que connaît actuellement l’Afrique de l’Ouest au travers d’un panorama des principaux « points chauds » de l’espace CEDEAO.
Ø Le troisième consiste à délimiter, sur la base des cas empiriques tirés des contextes sociopolitiques d’Afrique de l’Ouest, quelques opportunités et zones d’action créées par les ressources naturelles pour améliorer l’efficacité des différentes initiatives d’assistance internationale dans les domaines de la paix et du développement.
Ce projet a démarré par une étude lancé en septembre 2013 pour approfondir la compréhension des causes structurelles des conflits dans les communautés extractives des quatre pays de l’Union du Fleuve Mano (Sierra Leone, Liberia, Guinée et Côte-d’Ivoire). Cette étude a généré de la connaissance sur le lien entre les ressources naturelles et les conflits, avec une documentation des meilleures pratiques, tout en identifiant les facteurs de risque et les mécanismes permettant de les réduire. À travers cette recherche, le Gorée Institute a pu évaluer les dynamiques et les questions clés relatives à la prévention des conflits et la consolidation de la paix dans les pays ciblés.
Cependant, le travail du Gorée Institute ne se limite pas à cette phase théorique, d’autant plus que la plupart des recommandations formulées dans le rapport demandent une action rapide et efficace. C’est à cette fin précise que le Gorée Institute a prévu d’organiser, du 04 au 06 mai prochain un atelier de formation à l’intention d’une vingtaine de participants en provenance de 07 pays d’Afrique de l’ouest : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal. Ce premier atelier de trois jours constituera un début dans la mise en application des recommandations de la recherche, notamment celles concernant le renforcement des capacités des acteurs en matière d’analyse et de prévention des conflits liés aux ressources naturelles à travers la sous-région.