Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Notion de stabilité démocratique
Selon la définition générique de la démocratie, la stabilité démocratique exige un système politique dans lequel le peuple est le détenteur du pouvoir. C’est-à-dire le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple, comme le préconise Abraham Lincoln. A noter que la notion moderne de l’Etat repose sur l’idée d’un pouvoir institutionnalisé. Par ailleurs, l’organisation de l’Etat moderne repose sur le principe fondamental de la séparation des pouvoirs. L’article 16 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen dispose ainsi que « toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a point de constitution». Ainsi, par opposition de la définition minimaliste à celle maximaliste, la première prend en compte la démocratie électorale, avec des élections libres et loyales. Tandis que la deuxième prône la démocratie libérale, avec les normes et les valeurs d’une démocratie plus large.
Par rapport à la notion de stabilité démocratique, les critères de la démocratie sont la séparation des pouvoirs, la protection des droits et libertés, le choix des dirigeants par le biais d’élections et le pluralisme. Mais aussi les valeurs de la tolérance, de la modération et de la civilité. Cependant, ce qui fait le plus défaut aux Etats, c‘est l’intériorisation de ces valeurs démocratiques. En effet, pour mesurer la stabilité d’une démocratie, deux critères sont prépondérants : la légitimité et l’adhésion des citoyens aux valeurs, aux normes et aux institutions démocratiques et l’institutionnalisation et l’utilisation effective de ces valeurs, normes et institutions par les citoyens. En outre, pour observer la stabilité des régimes démocratiques, quatre approches sont essentielles. Il s’agit de :
-La logique des symptômes fondée sur l’absence de crise ; rechercher des signes pathologiques et l’existence de comportements anti-démocratiques (utilisation de la violence, rejet des résultats des élections, respect de la loi notamment par les autorités).
-La logique de mise à œuvre de l’épreuve basée sur la gestion des crises comme le comportement du régime en cas de crise.
– La logique préventive basée sur l’existence de fondements structurels solides (fondements socio-économiques et développement de facteurs de stabilité).
Il est toutefois à noter qu’un pays peut ne pas être développé et avoir un certain niveau de stabilité. Car c’est la logique préventive qui renseigne sur le niveau de stabilité d’un pays.
L’instabilité institutionnelle se manifeste donc par la récurrence coups d’Etat (Niger 1996, 1999 et 2010; Côte d’ivoire 1999; Mali 1968, 2012, 2020 , 2021 ; Guinée 2008; Guinée Bissau 1998, 2012), les révisions constitutionnelles déconsolidantes pour la conservation du pouvoir (Sénégal en 2012; Burkina Faso en 2014, Niger 2009), les successions dynastiques (Togo, tentative au Sénégal) et les accords politiques en marge des constitutions, sans consultation des populations, avec une absence de transition politique.
Notion de Sécurité humaine
Selon le rapport du PNUD (1994) sur le développement humain, il y a sécurité humaine lorsque l’individu est libéré de la peur et du besoin dans le respect de sa dignité et dans un environnement durable. En effet, la notion de sécurité humaine a émergé avec l’intégration des problèmes de sécurité dans l’agenda international pour le développement. Mais aussi avec la transformation des conflits depuis la deuxième guerre mondiale, avec des conflits de plus en plus d’ordre interne.
Comme caractéristiques, la sécurité humaine doit être centrée sur l’homme et considérer l’ensemble des conditions qui menacent la survie, les conditions d’existence et la dignité humaine. Elle doit être fondée sur une approche multisectorielle des insécurités et une compréhension globale des menaces (économiques, environnementales, alimentaires, sanitaires). La sécurité humaine nécessite une approche holistique avec des réponses coopératives et multisectorielles en raison de l’interdépendance des menaces (exigence d’une coopération entre les acteurs de la sécurité), du développement et des droits de la personne. Elle a besoin d’une approche spécifique au contexte, avec les menaces qui varient suivant le contexte, mais aussi d’une approche orientée vers la prévention.
Les différentes dimensions de la sécurité humaine sont confrontées à des menaces spécifiques. Ainsi, à côté de la sécurité économique, il y a la menace de la pauvreté persistante et du chômage. A côté de la sécurité alimentaire, il y a la menace de la faim et de la famine. Et à côté de la sécurité sanitaire, il y a la menace des maladies infectieuses mortelles, l’alimentation malsaine, la malnutrition et le manque d’accès aux soins de santé essentiels. La Sécurité de l’environnement est menacée par la dégradation de ce dernier, les catastrophes naturelles, la pollution et l’épuisement des ressources. La sécurité personnelle, quant à elle, est menacée par la violence physique, la criminalité, le terrorisme, la violence familiale et le travail des enfants. Pour ce qui est de la sécurité de la communauté, on redoute les tensions interethniques, religieuses et autres tensions liées à l’identité. La sécurité politique elle, est menacée par la répression politique et les abus des droits de la personne.