Casamance: aux sources du conflit

L’accord « fantôme » : la question oubliée

Dès l’origine, le conflit de Casamance était une question géopolitique. En effet, parmi les nombreuses questions qui avaient été soulevées par le MFDC au  moment du déclenchement du conflit, figurait la « rumeur » selon laquelle un chercheur casamançais aurait trouvé dans les archives à Paris, un document dans lequel il serait question d’un accord passé entre les fondateurs du MFDC historique (Emile Badiane, Ibou Diallo, Edouard Diatta) et le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) de Léopold Sédar Senghor, accord qui stipulerait qu’au bout d’un certain nombre d’années d’une commune volonté de vie commune, la Casamance serait fondée à demander sa séparation du reste du Sénégal. Un tel document, s’il existait, aurait comme conséquence d’établir que le Sénégal et la Casamance forment une fédération.

Au lendemain du soulèvement du MFDC, le  Professeur  Assane Seck avait parlé d’un document qu’on lui  aurait  envoyé  et  qui n’était selon lui  rien d’autre qu’un document falsifié. Toujours selon la rumeur, ledit document aurait été envoyé aux Nations Unies. Aujourd’aujourd’hui, aucun document de ce genre n’a jamais été exhibé encore moins reproduit dans aucun des ouvrages sur le conflit, pourtant nombreux et parfois très bien fouillés et  documentés. Mais il faut garder la question à l’esprit.

Dans le conflit de Casamance, il y a eu pendant longtemps, ce qui relève de la  rumeur et ce qui relève de la réalité. Il est parfois difficile de faire la part des choses. Le conflit continue encore aujourd’hui à s’abreuver de beaucoup de rumeurs.

Une configuration géopolitique du Sénégal favorable au MFDC

Le Sénégal avait un poids diplomatique supérieur à celui de ses voisins immédiats, et ce jusqu’à une période récente. Ce qui a amené certains observateurs à parler d’une volonté d’hégémonie du Sénégal. Cette situation est liée à son histoire, au prestige de son premier président mais aussi à son régime politique présenté comme un modèle de démocratie en Afrique.

Au moment du déclenchement de la crise, le Sénégal était en conflit latent ou ouvert avec quasiment tous ses voisins immédiats : conflit avec la Gambie après l’éclatement de la Confédération Sénégambienne; conflit frontalier avec la Guinée-Bissau (sur la question du pétrole); même type de conflit avec la Mauritanie.  Cette fragilité  apparente  du  Sénégal dans la sous-région a-t-elle fait penser au MFDC que la situation était favorable pour déclencher une action, les différents ennemis potentiels du Sénégal à l’époque pouvant être utilisés comme pourvoyeurs d’armes et de combattants? Ce n’est pas impossible.

Cette géopolitique de départ du conflit présentait déjà les différents acteurs qui pouvaient avoir un intérêt dans le conflit.

Aujourd’hui, les donnes géopolitiques du conflit sont toutes autres et elles se focalisent sur deux voisins « encombrants » : la Gambie et la Guinée-Bissau, pays autour desquels gravitent de nombreux acteurs occultes comme les trafiquants de drogue et d’armes.

La géopolitique du conflit aujourd’hui

De nombreux acteurs gravitent aujourd’hui autour du conflit de Casamance, qui présente de ce fait un nouveau visage géopolitique et fait apparaître de nouveaux enjeux. Toutefois, certaines hypothèses et considérations géopolitiques au démarrage du conflit demeurent toujours d’actualité, surtout en ce qui concerne la Gambie et la Guinée-Bissau. Nous nous limiterons à ces deux pays, puisqu’il s’agit d’examiner les relations du Sénégal avec ces voisins dans le cadre du conflit. Certains enjeux ont un impact sur les trois pays. Il s’agit du trafic de bois, du vol de bétail, du trafic de drogue et du trafic d’armes, avec plus ou moins d’ampleur selon le pays. Ainsi, le trafic de bois concerne surtout la Gambie tandis que le vol de bétail concerne plutôt la Guinée Bissau.

Le trafic de bois et de bétail

Afin d’apaiser la rébellion, le président Abdou Diouf et son gouvernement avaient jugé bon de concéder au MFDC le droit d’exploiter sans limite les forêts casamançaises. Or, cette autorisation permet aussi à la Gambie qui a mis en place une politique de protection de ses ressources forestières de se pourvoir en Casamance. Il s’y ajoute l’existence d’une filière chinoise de trafic de bois de Tek et de Venn à partir de la Gambie. Il va de soi que ce trafic ne peut se faire sans une complicité de hautes autorités aussi bien en Gambie qu’au Sénégal. Aujourd’hui, les dénonciations de ce trafic sont de plus en plus nombreuses.

Quant au vol de bétail, il est sans doute un des plus problèmes le plus crucial auxquels les trois pays concernés doivent faire face dans leurs relations transfrontalières. C’est une activité séculaire, surtout le long de la frontière sénégalo-bissau-guinéenne, et qui est également  source de tensions permanentes au sein des communautés transfrontalières.

Celles-ci ont mis en place des structures de concertation à la base qu’accompagnent les pouvoirs publics. Ces initiatives ont contribué à baisser sensiblement ce trafic. Nous sommes là dans un contexte de porosité des frontières, ce qui ne facilite  pas  les actions de prévention. A titre d’exemple, le 19 mai 2014, les villages de Balantacounda et ceux de Kouniary et de Bissara (dans la commune de Goudomp) ont été des cibles de voleurs de bétail qui ont emporté 40 têtes de bœufs et 70 moutons. (Seydi, 2015 : 62). La lutte contre tous ces trafics est rendue ardue par le conflit. Il est difficile d’identifier les malfaiteurs puisque, la plupart du temps, ces faits sont mis sur le dos du MFDC; à tort ou à raison ?

Le trafic de drogue

C’est la main du diable dans le conflit et le défi majeur que doivent relever les trois pays. L’impact du trafic de drogue dans le conflit est considérable et l’enjeu est de taille. Nous sommes là en présence de l’élément essentiel constituant l’économie de guerre.

Le trafic ne concerne pas seulement la drogue importée d’Amérique Latine, il concerne aussi celle produite localement, notamment au nord de la Casamance. La gendarmerie et la douane font régulièrement des opérations dans cette zone (récemment à Sindian) pour décourager les cultivateurs. Ce trafic bénéficie de la proximité de la Gambie qui est aussi un marché pour l’écoulement de ce produit.

C’est sans doute en Guinée-Bissau que le phénomène est le plus inquiétant.   En  effet,  depuis  plusieurs  années,  le  trafic  de  drogue est   devenu  un  sujet  de  préoccupation   majeur   pour  ce  pays  dont la configuration géographique est propice au trafic. Il possède de nombreuses îles (les îles Bijagos par exemple) qui sont autant de cachettes et de bases pour les trafiquants de drogue.

De nombreux événements survenus en Guinée-Bissau sont liés à ce trafic: le coup de force du 1er avril 2010, le double assassinat de Tagmé Na Waï et de Nino Vieira, respectivement le 1 et le 2 mars 2009. Tout cela a été précédé de l’arrestation en 2006 par la police bissau-guinéenne de trafiquants Vénézuéliens transportant 674 kg de cocaïne estimés à 30,5 millions d’euros. La drogue a disparu du trésor public probablement emportée par des militaires venus évaluer la prise.

Ce que redoute le Sénégal, c’est l’existence de couloirs transfrontaliers pérennes que la rébellion pourrait utiliser pour écouler sa propre production. Pour corroborer cette crainte, Jean-Claude Marut note, parlant de la Guinée-Bissau:

Ce que redoute le Sénégal, c’est l’existence de couloirs transfrontaliers pérennes que la rébellion pourrait utiliser pour écouler sa propre production. Pour corroborer cette crainte, Jean-Claude Marut note, parlant de la Guinée-Bissau:
« La faiblesse de l’Etat, l’insertion du pays dans des circuits criminels
internationaux, le poids de l’armée, y sont devenus de puissants facteurs d’instabilité. Et les risques d’interférence avec la rébellion sont apparus comme l’un des enjeux majeurs du conflit casamançais. Ce n’est pas un hasard si le conflit s’est prolongé en terre bissau-guinéenne et que les acteurs bissau-guinéens s’y sont invités à plusieurs reprises en des sens parfois opposés». (Marut, 2010: 25).

Le plus inquiétant, c’est qu’il y a de plus en plus de jeunes Bissau­ guinéens qui considèrent le trafic de drogue comme un moyen comme un autre de s’en sortir, mieux, de s’enrichir rapidement. Alors que se développe en Sénégambie méridionale un autre fléau sévit : le trafic d’armes légères.

Le trafic d’armes

La prolifération des conflits en Afrique (Lybie, Mali) et ailleurs (Syrie) ne sont pas pour faciliter la maîtrise de la circulation des armes. Les nombreux couloirs de circulation sont autant de sources d’approvisionnement potentielles pour le MFDC. A ce sujet, Abdoulaye Diallo écrit:

« Les villages de Wassadou, Paroumba, Pakour, Dialadiang, sont des villages de passage des armes vers Médina Gounass (Sénégal) et Gambissara (Gambie). Ces villages sont connus dans tout le département de Vélingara comme des endroits où on peut se procurer des armes ». (Diallo, 2012).

De nombreux circuits sont identifiés: Libéria, Guinée, Guinée-Bissau, Gambie, certains villages de transit, etc. D’ailleurs, c’est de ce trafic que sont partis les événements de 1998 en Guinée-Bissau. L’interception au Nigéria de cargaisons d’armes en provenance d’Iran et à destination de la Gambie accrédite la thèse de la participation de la Gambie dans l’approvisionnement du MFDC en armes. Comme le fait remarquer Zeïni Moulaye: « La circulation des armes légères est l’un des facteurs les plus aggravants de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest ». (Moulaye, 2013 : 23). Il ajoute, « Selon certains spécialistes, plus de 677 millions d’armes légères et de petit calibre circuleraient dans le monde, hors de contrôle des Etats, dont 30 millions sur le continent africain (8 à 10 millions en Afrique de l’Ouest)». (Moulaye, 2013: 23). En l’absence de politique économique concertée pouvant impacter positivement le développement local des localités transfrontalières, les populations sont obligées de s’adonner  à toutes sortes de trafics. Il faut donc passer de dynamiques de développement solitaires à des dynamiques organisées transfrontalières, impulsées par les structures étatiques des trois pays.

Les relations avec la Gambie

Les relations entre le Sénégal et la Gambie sont un numéro perpétuel de« je t’aime, moi non plus».

En effet, c’est à la Gambie que le Président Macky Sall réserva sa première visite en tant que chef d’Etat, le 15 avril 2012, pour  demander à Yahya Jammeh de l’aider dans la résolution du conflit de Casamance. En réponse à cette marque de considération, la Gambie exécutera quelques  mois plus tard deux prisonniers sénégalais, Tabara  Samb et Djibril Bâ, en août 2012. Malgré tout, Le Président Macky Sall retournera encore en Gambie en février 2013 pour prendre part à la célébration de l’anniversaire de l’indépendance de la Gambie. Il y sera reçu avec tous les honneurs. Sans doute Macky Sall avait-il voulu remercier le Président Yayah Jammey d’avoir contribué à la libération des huit soldats détenus par le MFDC? En octobre 2014, Le Président Macky Sall se rendra encore pour la troisième fois en Gambie, deux mois seulement avant le coup d’Etat avorté intervenu le 30 décembre 2014. Le Président Yayah Jammeh accusera le Sénégal de ne pas être étranger à cette tentative de putsch.

La Gambie partage toutes ses frontières avec le Sénégal, notamment, au Sud, avec la région naturelle de Casamance. Elle représente, de l’avis des spécialistes, le« grand supermarché de l’Afrique de l’Ouest». Le conflit de Casamance est, de ce fait, un marché juteux pour des trafiquants en tous genres.

Géopolitiquement parlant, la séparation de la Casamance du Sénégal aurait un grand avantage pour la Gambie ; elle la libérerait de la situation inconfortable dans laquelle elle se trouve, c’est-à-dire engloutie à l’intérieur du Sénégal. Une libération qui ne serait pas pour déplaire à la  Grande  Bretagne.  Ce projet  de séparation  épouse un autre celui des « trois B » du MFDC, qui est de constituer une fédération  qui  regrouperait  la  Gambie  avec  comme  capitale  Banjul, la Guinée-Bissau avec comme capitale Bissau et la Casamance avec comme capitale Bignona, d’où les 3 B. Un autre rêve habite le MFDC: faire renaître le royaume du Gabu sous une forme moderne et créer le Gabunke.

La Gambie tient le Sénéga en étau sur au moins deux points : le bac pour relier Dakar  par le trajet le plus court (450km au  lieu de 860 km par la voie de contournement  en passant  par Tambacounda)  et la rébellion. Ceci, Yayah Jammeh le sait, en dépit de sa dénégation d’apporter un soutien au MFDC. Lorsqu’à partir de 2001 jusqu’en 2006, sous le régime de Joao Bernardo Vieira, Tagme na Waï, Chef d’Etat-major général des armées de Guinée Bissau, aidé de l’aile modérée du MFDC, le groupe de Cassolol dirigé par César Atoute Badiate et Léopold Sagna, chassa Salif Sadio de sa base arrière située en territoire bissau-Guinéen. Et c’est en Gambie qu’il alla chercher refuge et protection. On se rappellera également des deux assises du MFDC tenues à Banjul du 22 au 25 juin 1999 et du 5 au 8 août 2001. Pourtant, le 16 décembre 2010, dans une déclaration radio-télévisée, le président gambien a nié apporter un soutien au MFDC.

La pose de la première pierre, le 21févrièr 2015, en présence du Premier ministre sénégalais Mouhammad Boun Abdallah, du futur pont en Gambie, qui libérerait les Sénégalais du calvaire de la traversée du fleuve par le ferry, est un signe encourageant dans les relations entre le Sénégal et la Gambie.

Les relations avec la Guinée-Bissau

Au moment du déclenchement du conflit, la Casamance était considérée comme un grand marché qui pouvait permettre à la Guinée-Bissau d’écouler son stock d’armes accumulées pendant la guerre de libération.

Une hypothèse plus récente fait état d’un intérêt possible de la Guinée-Bissau à voir le conflit en Casamance se prolonger parce que les autorités politiques de la Guinée-Bissau n’ont jamais accepté le jugement rendu par le tribunal d’arbitrage de la  cour internationale de justice sur  le différend frontalier  qui l’oppose au  Sénégal, sur

fond d’enjeu économique constitué par la présence de pétrole dans la zone litigeuse. La Casamance indépendante serait donc, alors, une meilleure garantie.

Le soutien possible de la Guinée-Bissau apporte au MFDC était considéré aussi par nombre de géopolitologues comme une forme de reconnaissance pour l’aide  que la  Casamance lui  a  apportée  dans sa lutte de libération du joug portugais. En effet, de nombreux Casamançais s’étaient enrôlés dans les rangs du Parti Africain de

!’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), et ce parti avait eu de nombreuses bases arrière à l’intérieur de la Casamance.

Abdoulaye Diallo écrit :

« En Guinée-Bissau, le MFDC est l’acteur caché dans toute lutte de pouvoir car les connexions sont anciennes, elles remontent du temps de la lutte pour l’indépendance. Cela a toujours été le baromètre des relations diplomatico-militaires entre le Sénégal et la Guinée-Bissau. On se rappelle de « l’opération Gabu » du Sénégal dans la guerre civile de 1998-1999 pour sauver Nino, qui cache un objectif de ne pas permettre à Ansoumana Mané de rester au pouvoir car c’est un allié de Sali/ Sadio et de la Gambie». (Diallo, 2012: 4).

D’ailleurs, c’est la découverte d’un trafic d’armes vers le MFDC qui est le point de départ de la crise de 1998 en Guinée-Bissau. En effet, lorsque  Nino Vieira, alors président  de la République,  a  été  saisi du trafic en janvier de la même année, il limogea son Chef d’Etat­ major général des armées, Ansoumana Mané, quelques mois plus tard, le 7 juin. Celui-ci, mécontent, prend la tête d’un soulèvement militaire. Le 9 juin, l’armée sénégalaise intervient en Guinée-Bissau sur la base d’un accord de·coopération militaire signé par les deux pays en septembre 1995. La rébellion casamançaise quant à elle, elle se battait aux côtés d’Ansoumana Mané. Malgré l’intervention sénégalaise, Nino est renversé le 7 mai 1999. Il s’exila au Portugal. Le 14 mai 1999, Malam Bacai Sanha est nommé président par intérim j »usqu’aux élections de 2000 remporté par Kumba Iala. Malam Bacai Sanha reviendra au pouvoir après son élection en 2009. Il exercera ses fonctions jusqu’en 2012, date à laquelle il fut emporté par une longue maladie.

Depuis l’avènement du régime de José Mario Vaz, alias Jomav, élu le 18 mai 201418, avec 61,9 % des voix – contre le candidat malheureux Nuno Gomes Nabiam, avec 38,10 %, soutenu par le Parti de la Rénovation Sociale (PRS), fondé par feu Kumba Iala, décédé d’une crise cardiaque au 2e tour des élections – et de son Premier ministre, Domingos Simôes Pereira, les relations entre le Sénégal et la Guinée Bissau semblent partir sur de nouvelles bases : la collaboration. Il faut rappeler qu’aussitôt après son élection à la tête de son pays, le 18 mai 2014, avant même de prêter serment, le Président Jomav a rendu une visite éclair à son homologue sénégalais, Macky Sall, le 27 mai 2014, puis à Yayah Jammeh.

De plus en plus, des actions concertées sont menées par les trois pays pour pacifier leurs frontières communes. Ces relations doivent aussi être analysées sous le prisme des affinités ethniques, linguistiques et culturelles qui les lient.

A ce propos, il faut dire qu’il y a de nombreux Sénégalais réfugiés en Guinée-Bissau et en Gambie du fait du conflit. Certains sont pris en charge par le Haut-Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés (HCR) d’autres bénéficient de l’hospitalité de leurs familles qui sont installées dans ces pays.

Tout cela augure-t-il des lendemains meilleurs et une résolution définitive du Conflit? Il faut l’espérer. Toutefois, en dépit des nombreux accords signés par les parties en conflit,  notamment  en 1991, en 1999 et en 2004 (Voir Marut, 2010), la question du règlement définitif dé la question casamançaise se pose toujours. Il y a cependant une nouvelle donne: l’œil américain sur la Gambie et sur Bissau, dont la manifestation la plus éclatante est la capture du contre-amiral José Américo Bubo na Tchuto, le 2 avril 2013, accusé par les Américains de trafic de drogue. Un autre personnage, baron de la drogue supposé, était aussi dans la ligne de mire des Etats-Unis: le Général Antonio Indjai.

On peut penser qu’avec l’élection de José Mario Vaz et la mise hors d’état de nuire de Bubo na Tchuto, la Guinée-Bissau tourne la page des assassinats cycliques, des coup-d’Etat, bref, de l’instabilité chronique, mais rien n’est moins sûr. Le pouvoir politique dans ce pays est toujours sous la surveillance de l’armée qui ne lui laissera pas les mains libres de sitôt. La rébellion casamançaise garde de ce fait quelques espoirs de soutien qui pourrait venir de la Guinée-Bissau.

Conclusion

De nombreux ouvrages ont été publiés sur  le conflit  de Casamance et certains sont bien documentés. Ces ouvrages figurent dans la bibliographie. Nous avons fait le choix de ne pas ressasser des informations ou résultats de recherche déjà exposés ici et là, sauf s’ils sont sujets à caution. Nous nous sommes donc surtout consacré aux problématiques qui méritaient de l’être du fait de leur pertinence, et tenter ainsi d’actualiser les faits liés au conflit lorsqu’ils touchent à la géopolitique, objet de notre étude.

Le lecteur devra donc prendre en compte cet aspect spécifique de notre démarche et se référer aux ouvrages cités. Il y trouvera les compléments d’information dont il a besoin. Dans la bibliographie, nous avons cité les articles séparément même s’ils font partie d’un ouvrage collectif pour donner au lecteur plus de visibilité.

La géopolitique et les enjeux du conflit ont très tôt fait l’objet de recherche et de publication parce que, l’étude géopolitique de la question casamançaise est sans doute la clé de compréhension de la crise et le chemin par lequel il faut passer pour régler définitivement le conflit. Cette résolution passe par la prise en compte de tous les phénomènes directs et indirects induits par  la  crise,  notamment dans sa dimension géopolitique internationale impliquant les Etats voisins de la Gambie et de la Guinée-Bissau. Si la géopolitique de la Casamance,  autrement  dit sa géographie, a été  un facteur déclenchant et complexifiant du conflit, elle est aussi, sans doute, la solution.

Source: « Conflits et paix en Casamance: Dynamiques locales et transfrontalières », Gorée Institute 2015