Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Ce mardi 14 février, l’Institut Gorée a accueilli dans ses locaux les représentants de l’Union européenne, en mission d’observation au Sénégal. Une présentation exhaustive des projets et des activités de l’Institut leur a été délivrée par M. Mamadou Seck, Directeur des Programmes, en prémisse à des échanges constructifs entre les participants.
Le vif intérêt de cette rencontre réside dans le partage de valeurs phares des deux institutions, dont le travail vise à assurer un développement dans la paix et à la sécurité. Ainsi, la délégation de l’Union européenne a remercié l’Institut Gorée pour ses accomplissements en matière de prévention des conflits et de consolidation de la paix, et lui a fait part de sa reconnaissance sur les actions menées pour défendre ses valeurs partagées.
La délégation s’est notamment montrée sensible aux questions relatives à l’implication des femmes dans la stabilisation de la société et aux problématiques relatives à la jeunesse, à la question très actuelle des phénomènes liés à la radicalisation et au terrorisme, aux difficultés de transmission d’une information neutre par les médias ainsi qu’aux liens entre la bonne gouvernance et l’exploitation des ressources naturelles. Elle s’est appesantie sur la médiation menée par les femmes ainsi que sur la stratégie de l’Institut pour la mise en œuvre de la Résolution 2242 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. La question des partenariats et du financement de l’Institut a également été soulevée.
Les résultats positifs du travail mené avec les femmes depuis les années 2000 ont été soulignés. Si, en temps de paix, les organisations de femmes peuvent manquer de cohésion et de cohérence dans leurs entreprises, une réelle synergie a été notée en temps de conflits, favorisant l’apaisement des tensions. Ainsi, en 2013, les Guinéennes mobilisées pour la prévention des violences électorales ont largement contribué au retour au calme dans leur pays. Plus de cinquante femmes leaders ont été formées en Prévention des conflits, Leadership organisationnel et Médiation. La mise en place de comités Paix et Médiation dans huit pays d’Afrique de l’Ouest, unissant différentes organisations pour un projet commun, atteste l’impact du renforcement des capacités grâce au travail mené toutes ces années.
Un atelier sous-régional de réflexion sur le radicalisme et l’extrémisme violent organisé par l’Institut Gorée en février 2016 a permis de cibler la jeunesse comme première victime d’embrigadement. Un parallèle est établi avec la tentation de la migration clandestine : les jeunes peuvent se retrouver dans les discours radicaux, qu’ils soient surdiplômés mais sans emploi ou sans éducation. Afin de réduire ce risque, des actions préventives de formation et de sensibilisation seront initiées prioritairement dans les établissements scolaires et universitaires.
L’Institut Gorée a également mené un travail sur la transmission d’une information juste et qui n’attise pas les conflits. Des recherches préalables ont mis en lumière le manque de formation des journalistes, dont certains ont été ciblés et retenus pour recevoir les enseignements d’un module mis en place par l’Institut. Les participants ont appris au niveau méthodologique puis ont été sensibilisés et alertés, prenant conscience des responsabilités liées à la transmission de l’information. À moyen terme, l’Institut Gorée a pour objectif d’ouvrir un Centre de Formation d’Excellence, encadrant notamment des travaux de recherches.
La mauvaise exploitation des ressources naturelles, entrainant une récurrence des conflits, est également une préoccupation pour l’Institut Gorée, qui a mené une étude sur les pays suivants : la Guinée, la Sierra Léone, le Libéria et la Côte d’ivoire. L’exploitation de ces ressources, qu’elle soit artisanale ou industrielle, engendre des déplacements de population, mobilisée mais dépourvue de moyens de défense. L’Institut a procédé au renforcement des capacités de ces citoyens, permettant à leurs actions d’avoir un impact conséquent pour la défense de leurs droits. Il a également facilité l’ouverture de dialogues multi-acteurs : État, entreprises et société civile sont encouragés à communiquer dans un climat de confiance, à échanger de façon constructive et à se considérer « partenaires » pour la mise en œuvre d’initiatives pérennes.
L’Institut Gorée, qui a déjà reçu des fonds de l’Union européenne dans le cadre de son monitoring de processus électoraux, a exprimé son souhait de renouveler cette collaboration. Il a démontré son efficacité et sa capacité à gérer indépendamment des fonds pour mettre en œuvre ses programmes : l’appel est lancé à l’Union européenne de faire confiance aux organisations du Sud qui répondent aux normes de gouvernance organisationnelle, comme l’Institut Gorée.