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Atelier Ressources Naturelles – Jour 2 : Le partage des ressources naturelles au cœur des conflits entre les communautés en débat

C’est peut-être une heureuse coïncidence : la deuxième journée de l’atelier national initié et financé par le Gorée Institute sur la gouvernance des ressources naturelles en Guinée, coïncide avec la célébration ce 8 Mars 2017 de la Journée internationale de la femme. Cet événement est mis annuellement à profit par les acteurs de la société civile et les médias pour dénoncer et stigmatiser les violations des droits des femmes, mais aussi interpeller les décideurs politiques sur l’amélioration des conditions de vie et de travail des femmes.

En cette deuxième journée d’atelier sur la gouvernance des ressources naturelles en Guinée, Madame Woré Ndiaye a profité de l’occasion pour rappeler que « la Journée de la Femme est une occasion de célébrer les femmes et d’apprécier leurs réalisations au courant de l’année. Le fait de marquer cette journée permet d’évaluer leurs efforts et de mettre un doigt sur les points à améliorer pour permettre à nos sociétés d’aller de l’avant » a-t-elle introduit. Poursuivant, la formatrice indique que « comme la plupart des conflits notés en Afrique de l’Ouest, ceux liés à la gouvernance des ressources naturelles impactent négativement sur la vie de ces dernières. Les défis auxquels elles font face sont multiples, à savoir une faible rémunération dans leur contribution à l’exploitation des ressources naturelles, une exclusion notoire dans les politiques publiques, de même qu’une atteinte à leur santé reproductive s’il s’agit d’adresser les défis sanitaires auxquels elles font face. La mauvaise gouvernance des ressources énergétiques engendre un manque d’eau ou d’électricité qui les amène à parcourir des kilomètres pour la collecte de l’eau ou de bois de chauffe, créant ainsi des insécurités. De plus, le temps investi dans la collecte de ces ressources indispensables sur une base journalière pourrait être investi sur des activités génératrices de revenus, dans le renforcement de leurs capacités ou encore dans le temps qu’elles devraient passer pour encadrer leurs enfants ».

Majoritaire à près de 53%, les femmes sont en Guinée les plus exposées aux nombreuses et dramatiques conséquences de la distribution illégale et injuste des ressources naturelles dans notre pays. Ce sont ces femmes qui supportent quotidiennement le lourd fardeau du manque d’eau potable et de bois de chauffe pour assurer la survie des familles au quotidien. À Conakry et à l’intérieur du pays, ce sont des milliers de femmes qui se lèvent chaque jour à l’aube pour parcourir des kilomètres à la recherche d’eau potable à des fins domestiques. Il faut déplorer aussi que dans cette quête quotidienne d’eau potable, les femmes sont aux prises les unes contre les autres, des rivalités et des jalousies les opposent souvent du fait de la rareté et de la non disponibilité de l’eau, source de vie.

Les échanges de cette deuxième journée ont porté essentiellement sur la cartographie des conflits, l’analyse de ces conflits liés aux ressources naturelles et les approches de solution pour les résoudre afin de parvenir à la paix. Les différentes sessions qui ont ponctué la journée ont été animées par Doudou Dia,  Frédéric  Ndecky, Woré Ndiaye, Koassi Akakpo et Mamadou Seck, tous des personnes ressources venues du Gorée Institute. Dans l’analyse des conflits, des problématiques structurelles ont été identifiées, comme le manque d’information ou la mauvaise information, les relations difficiles entre personnes ou entre communautés, les intérêts conflictuels, les valeurs opposées et autre inégalités. Il ressort de la cartographie la localisation de probables foyers de tensions à Fria, Siguiri, Forécariah, Kouroussa, Mandiana, N’Zérékoré, Yomou et Macenta, où les conflits sont de plus en plus aigues et récurents entre communautés autour du contrôle et du partage des ressources minières, agricoles, hydraulique et forestière, dont regorgent le sol et le sous-sol de ses différentes localités guinéennes. Par ailleurs, le directeur exécutif du Gorée Intitute a expliqué que « les ressources ne génèrent pas que des conflits. Elles peuvent aussi et surtout soutenir la relance économique en créant des moyens d’existence durable pour les populations ».

 

Abdoulaye Oumou Sow pour Guinéematin.com