Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Ils étaient une trentaine de participants à l’atelier régional de plaidoyer dans le cadre du Charter Project Africa tenu à Gorée les 29 et 30 novembre 2024. Ils sont de la CEDEAO, du FOSCAO, du WANEP, de WADEMOS, du MISAHEL, d’Afric Tivistes et des grandes organisations de la société civile du Bénin, du Nigeria, du Cap Vert, du Ghana et du Sénégal.
Au menu des échanges, la revue des textes de la CEDEAO et de l’Union Africaine dont la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance (CADEG) et le Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. Lors de cet atelier de plaidoyer, il était aussi question de s’interroger sur la collaboration entre ces institutions et les organisations de la Société civile. Dans la même dynamique, les participants ont mis l’accent sur les avantages de l’utilisation de la technologie civique pour promouvoir la bonne gouvernance démocratique en Afrique de l’Ouest.
Adapter la démocratie au contexte africain
Dans le cadre du Charter Project Africa, le Gorée Institute a initié des recherches sur l’Etat de la démocratie, la bonne gouvernance et les élections au Bénin, au Cap Vert, au Nigeria et au Sénégal dont les résultats ont été présentés au cours de l’atelier. De ces recherches, sont ressortis des points convergents. En effet, dans la majorité de ces pays, la participation des jeunes et des femmes reste encore un défi partagé. De plus en plus d’Etats africains sont confrontés au rejet de la démocratie comme modèle de gouvernance, mais ces États ont su résister à la vague de coups d’Etats survenus ces dernières années. Ils sont tout de même sujets à des violences politiques et électorales. Selon le Directeur exécutif du Gorée Institute, la démocratie ne représente pas en soi le problème ; mais il est question de « l’intégrité des personnes qui dirigent les États Africains ». Le constat fait ressortir également que la société civile se consolide, développe une expertise et devient de plus en plus force de proposition.
Une révision des textes de la CEDEAO et de l’Union Africaine s’impose!
Plus qu’une nécessité, cette révision des textes est indispensable pour prendre en compte les mutations actuelles des États membres. Dans un contexte où trois pays ont pris la décision de quitter la CEDEAO, il est judicieux de s’interroger sur les dispositions prévues au cas où ces États voudraient réintégrer l’institution.
Le retrait des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) provoquant dans le même ordre la vague de protestations contre la CEDEAO qualifiée de CEDEAO des présidents et non des populations membres, les participants se sont accordés sur le fait que la population n’est pas suffisamment informée sur les prérogatives de cette institution et qu’il serait judicieux que cette dernière se rapproche davantage des populations.
FOSCAO, LA MACHINE OSC EN PANNE
« Il y’a eu un problème très grave entre le Conseil d’administration et le Secrétariat exécutif du FOSCAO », a dit, sans ambiguïté, le Dr Abdou Lat Guèye qui a exposé le réel problème de cette organisation née du département politique de la CEDEAO. Doudou Dia d’ajouter qu’il y a un réel « blocage » de cette organisation faîtière des OSC ouest africaines qui aurait pu être un excellent pont entre la CEDEAO et les populations et décideurs des différents États membres.
Des actions sont entreprises pour résoudre cette crise organisationnelle, selon le Pr Oumar Ndongo qui recommande au FOSCAO de ne se référer qu’au département de la CEDEAO qui l’a créé pour plus d’efficacité et dans l’optique d’éviter un conflit d’intérêt avec les autres organisations rattachées à la CEDEAO telles que WANEP. La société civile, si elle est bien organisée, pourrait rétablir un bon climat entre la CEDEAO, les États membres et les populations de ces États. C’est pourquoi cette organisation faîtière représente une belle opportunité pour atteindre cet objectif.
LA TECHNOLOGIE CIVIQUE POUR UNE ÉDUCATION À LA DÉMOCRATIE, A LA BONNE GOUVERNANCE ET AUX ÉLECTIONS
Nous sommes à l’ère de la digitalisation et tous les États devraient s’adapter à cette mutation où se transposent sur Internet les défis quotidiens qui minent les sociétés africaines. Cela représente une urgence avec un fait nouveau qui a surpris nos États et qui s’enracine à grands pas : le virus de la désinformation. Selon Aïcha Dabo d’Afric Tivistes, «il incombe à nos états de créer des politiques pour permettre aux citoyens d’utiliser les nouvelles technologies sainement ». Cette assertion impose aux États et à leurs dirigeants de prendre leur responsabilité face ces mutations.
Une promesse de la CEDEAO
A l’issue des échanges, les participants ont formulé des recommandations à l’endroit de la CEDEAO. C’est Valence KOUAME et Mariama TOURÉ, tous les deux représentants de la CEDEAO à cet atelier, qui ont fait la promesse de « rendre compte des échanges et recommandations aux plus hautes autorités de la CEDEAO ».