Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Note de cadrage
Les conséquences de la crise libyenne n’ont été nulle part aussi désastreuses qu’au Mali. Coupé en deux après le coup d’état de mars 2012, la rébellion touareg, profitant de la débandade de l’armée malienne, proclame l’indépendance de cette partie nord occupée aussi par des groupes appartenant à AQMI ou à d’autres groupes islamistes. La violence a fait fuir 160 000 Maliens qui se trouvent aujourd’hui répartis entre le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et l’Algérie. Des pays déjà largement touchés par des problèmes d’insécurité, qu’ils soient alimentaires ou physiques.
La Guinée-Bissau, quant à elle, est étranglée par les narcotrafiquants qui profitent de l’évanescence de l’Etat pour mener tranquillement leurs affaires. Dans ce pays où s’est installée depuis 1979 une spirale de violence doublée d’une pauvreté persistante ont fini d’affaiblir le niveau de sécurité et encouragent des replis identitaires.
Sécuriser les transitions pour permettre le retour à l’ordre constitutionnel est la démarche privilégiée par la CEDEAO, aujourd’hui, au Mali et en Guinée-Bissau. Mais est-ce suffisant pour inscrire ces deux pays dans une stabilité durable, quand on sait que les défis sécuritaires sont multiples, et les menaces de plus en plus hybrides ? La solution devait-elle consister à se préoccuper uniquement du maintien d’un ordre constitutionnel, quoi qu’il en coûte ? Même si la démarche en soi n’est pas mauvaise, prend-elle suffisamment en compte les besoins des populations ? Au Mali, pour ne citer que cet exemple, pendant que l’on se bat à Bamako à chercher à remettre sur pied l’ordre constitutionnel, la partition du pays se consolide, la famine s’introduit et de graves violations des droits humains sont commises.
Même si ces différents conflits qui minent la sous-région sont des conflits intra-étatiques, force est de reconnaître que leurs répercussions ont traversé les frontières des Etats qui les ont produits. Devenant par ce fait des conflits transfrontaliers, voire régionaux. D’où l’intérêt d’inclure les Etats voisins dans la résolution et/ou la consolidation de la paix.
L’Alliance des Initiatives africaines pour la paix et la Stabilité en Afrique de l’ouest, conformément à son mandat, expérimente depuis 2009 le concept de « sécurité humaine » dans la perspective de contribuer à renforcer la bonne gouvernance dans les pays où interviennent les organisations de la société civile membres du réseau. Sous cet angle, la bonne gouvernance supposera l’instauration de nouveaux modes d’élaboration de politiques publiques dans lesquelles on recentrera sur l’individu le rôle sécuritaire de l’Etat tant au niveau local, national qu’international. Ce qui concourt à la mise en place d’une co-gestion de la Cité par des acteurs qui dialoguent et interagissent.
La sécurité humaine ne consiste pas seulement à „libérer les individus de la peur ; mais aussi à les prémunir contre le besoin “ Les causes qui engendrent la peur et la vulnérabilité des individus sont multiples : elles vont de l’instabilité politique et économique à l’insécurité en passant par le non-accès aux services sociaux de base, etc. Une situation qui sans conteste résulte de la mauvaise gestion des affaires de l’Etat dont l’une des conséquences directes est la pauvreté. La bonne gouvernance est sur plusieurs aspects une condition de sécurité en général et de sécurité humaine en particulier. Ainsi donc, la prise en compte de la sécurité humaine dans l’élaboration des politiques publiques contribue à rendre les individus moins vulnérables et à prévenir les situations de vulnérabilité.
La réforme des services de sécurité constitue un autre pilier essentiel de la sécurité humaine. En effet, bien adaptés aux besoins et attentes, ces services renforcent à la fois la capacité d’action de l’État, la crédibilité de la justice, la sécurité et la stabilité.
De Kankan à Abengourou en passant par Bamako et Ziguinchor, la crise ivoirienne a été au cœur des activités de réflexion du réseau Alliance. Une solution de sortie de crise a été trouvée par la communauté internationale. Quelles sont les forces et les faiblesses de cette solution ? quelles leçons pouvons-nous tirer de la démarche ?
Dans le cadre de sa politique de dissémination des connaissances, l’Alliance mobilisera autour des thèmes les organisations de la société civile, les ONGs et les autorités politiques pour une imprégnation des thèmes traités dans le livre. Le séminaire fonctionnera comme une introduction aux formations beaucoup plus approfondies qui suivront.
Le séminaire de Dakar est un évènement de deux jours dont le programme se résume comme suit :
- Jour I. Thèmes de la journée
- La sécurité, la sécurité humaine : impact et perspectives pour l’Afrique de l’ouest
- Instabilité institutionnelle en Afrique de l’ouest. Quel rôle peut jouer la société civile à la stabilisation des pays ?
- La réforme des systèmes de sécurité, un outil incontournable pour la bonne gouvernance des institutions.
- Jour II. Thèmes de la journée
a) La crise malienne, sa genèse, ses implications et les enjeux. Quel rôle pour la société civile ?
b) la crise bissau-guinéenne. La réponse de la CEDEAO ? Quel rôle pour la société civile ?
c) la Côte d’Ivoire aujourd’hui : forces et faiblesses de la solution de sortie de crise apportée par la Communauté Internationale. Quel rôle pour la société civile ?
Objectifs de la rencontre
- contribuer à l’appréhension de la place et du rôle que peuvent jouer la sécurité humaine et la RSS dans la stabilisation des Etats
- contribuer à une meilleure compréhension des foyers de tension qui se sont nouvellement signalés au Mali et en Guinée-Bissau,
- Tirer les leçons de la gestion de la crise en Côte d’Ivoire
Résultats escomptés
- A la fin des ateliers le concept de sécurité humaine et de RSS sont mieux appréhendés et les organisations de la société se l’approprient ;
- A la fin de l’atelier, les participants auront une meilleure compréhension des conflits en Guinée-Bissau et au Mali et une vision plus claire dans la gestion de la crise en Côte d’Ivoire et dans le processus de réconciliation.
- Une publication des différentes contributions sera faite.
NB : Pour de plus amples informations, un agenda détaillé est joint à ce document
Planning des rencontres
Jour I : Thèmes de la journée :
a) La sécurité, la sécurité humaine : impact et perspectives pour l’Afrique de l’ouest
b) Instabilité institutionnelle en Afrique de l’ouest. Quel rôle peut jouer la société civile à la stabilisation des pays ?
7h30 – 8h30 Petit-déjeuner
8h 30 – 10h00 Ouverture officielle de la rencontre
Mot de bienvenue du directeur exécutif du Gorée Institute
Mot de la coordinatrice du programme Alliance
10h00 -10h30 Pause-café
10h30 – 11h15 La sécurité, sécurité humaine : impact et perspectives pour l’Afrique de l’ouest
Conférencier : Zeini Moulaye
11h15 – 12h Débat
12h – 12h45 Instabilité institutionnelle en Afrique de l’ouest. Quel rôle peut jouer la société civile dans la stabilisation des institutions des pays ?
Conférencier : Babacar Guèye
12h 45– 13H45 Pause-déjeuner
13h 45– 14h30 Débat
14h30 – 15h00 Pause-café
16h00- 17h Mise en commun et synthèse de la journée
Jour II Thèmes de la journée
a) La RSS, un outil pour la bonne gouvernance
b) La crise malienne : sa genèse, ses implications et les enjeux
c) La crise bissau-guinéenne : la réponse de la CEDEAO ?
d) La Côte d’Ivoire aujourd’hui : forces et faibles de la réponse de la Communauté internationale
7h30 – 8h30 Petit-déjeuner
8h30 – 9h15 « La RSS, un outil incontournable pour la bonne gouvernance des institutions »
Babacar Diouf
9h15 – 10h00 Débat
10h00 -10h30 Pause-café
10h30-11h15 La crise malienne : sa genèse, ses implications et ses enjeux. Quel rôle pour la société civile malienne ?
Conférencier : Adama Diawara
11h15 – 12h00 Débat
12h00 -12h45 L’instabilité politique chronique de la bissau-guinéenne : la réponse de la CEDEAO ? Quel rôle pour la société civile ?
Conférencier : Raul Mendes Fernandes
12h45 – 13h45 Pause-déjeuner
12h45 – 14h30 Débat
14h30 – 15h30 La Côte d’Ivoire aujourd’hui : forces et faiblesses de la solution de sortie de crise apportée par la communauté internationale. Quel rôle pour la société civile ?
Kevin Adou
15h30 – 16h00 Pause-café
16h00 – 16h45 Débat
16h45 – 17h 15 Mise en commun et synthèse de la journée
17h15 – 17h30 Lecture de l’appel de Gorée
17h30 – 19h00 Lancement du livre