Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Le Gorée Institute, en collaboration avec la Commission de la CEDEAO, le Conseil de l’Entente, le Gouvernement de Côte d’Ivoire et le PNUD, a organisé un forum sous régional sur le thème « Leadership jeune et prévention des conflits en Afrique de l’ouest ». Du 18 au 20 octobre 2017 à Abidjan, la rencontre a réuni 50 jeunes en provenance de 9 pays de la sous-région.
Et de deux pour la Côte d’Ivoire ! Après le succès enregistré au premier forum organisé en 2016, le staff du Gorée Institute a encore déménagé dans la capitale Ivoirienne les 18,19 et 20 octobre 2017, le temps d’une rencontre sous régionale sur le leadership jeune et la prévention des conflits en Afrique de l’ouest. Une des articulations du Programme Consolidation de la Paix et Prévention des Conflits du Gorée Institute, le forum a été placé sous le double parrainage du Ministère de la Femme, de la Protection de l’Enfant et de la Solidarité, et du Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique de la Côte d’Ivoire. Abidjan 2017 a assuré la continuité du forum de 2016. La rencontre a amélioré et consolidé l’élargissement de la plateforme des jeunes pour la paix, la sécurité et la cohésion sociale en Afrique de l’ouest mise en place lors du premier forum et coordonnée par le Gorée Institute. Une « communauté de pratiques » des jeunes leaders de l’espace CEDEAO pour faciliter l’apprentissage et la collaboration a été lancée. Au total, cinquante jeunes leaders âgés de 18 à 35 ans, et tous membres actifs d’OSC, d’ONG, d’associations de jeunes, de conseils nationaux de jeunesses, de maisons de jeunes, ont participé à cette rencontre.
Globalement, le forum a eu pour objectif d’offrir aux jeunes leaders un cadre de dialogue, d’apprentissage, d’échange d’expériences et de meilleures pratiques en vue d’améliorer qualitativement leur participation aux processus de paix et de développement dans leurs pays respectifs et à travers la sous-région ouest-africaine. Les travaux ont été menés sur trois axes. Le renforcement des capacités organisationnelles des jeunes leaders en prévention et gestion des conflits ; la collecte des points de vue et analyses des jeunes leaders sur les questions spécifiques à leurs pays. Et enfin, il a été offert aux jeunes leaders l’opportunité d’échanger avec des décideurs au sein du gouvernement ivoirien, des institutions sous régionales et des OSC. Dans le cadre du renforcement des capacités organisationnelles des jeunes leaders, les sessions ont plaidé pour la construction d’un leadership collectif plutôt qu’un leadership individuel.
La situation sécuritaire de l’Afrique de l’ouest a fait l’objet d’une analyse scindant la sous-région en deux espaces géographiques. Le premier, nommé l’espace sahélien, regroupe l’ensemble des Etats membres du Comité inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS). Cette partie fait face aux fléaux de la sécheresse et de la désertification et ses défis sécuritaires sont liés directement ou indirectement à l’écosystème et à la géopolitique. Le second espace est constitué de la zone CEDEAO, regroupant l’ensemble des pays représentés au forum. Les deux espaces partagent les mêmes défis en matière de sécurité et de développement. La notion de sécurité a été définie dans son sens large et les défis majeurs retenus ont été : la radicalisation, l’extrémisme violent et la montée du terrorisme ; l’insécurité liée à la piraterie maritime ; les effets liés aux changements climatiques et à l’avancée du désert, le phénomène migratoire. Le contexte socio-économique et sécuritaire décrit est certes difficile, mais la situation n’est pas désespérée pour la jeunesse. Des perspectives existent du côté des Etats avec notamment, la ratification de la chartre africaine de la jeunesse portant création des Conseils nationaux de la jeunesse ; l’organisation d’élections justes, ouvertes et transparentes. Au plan sous régional, la CEDEAO doit activer son centre d’alerte précoce ; mettre en œuvre son protocole additionnel qui privilégie les jeunes et les femmes…
‘’Promouvoir les résolutions 1325 et 2250 sur la participation active des femmes et des jeunes dans les processus de paix et de sécurité’’.
Les sessions thématiques ont donné aux jeunes leaders l’occasion de présenter les problèmes spécifiques de leurs pays et les situations sécuritaires qui en résultent. Les analyses laissent paraitre une situation socio-politique et sécuritaire globalement alarmante. Tout se joue entre des Etats en déliquescence comme le Mali et le Niger dont l’étendue territoriale est source de plusieurs conflits attisés par le chaos ambiant en Libye. Au Burkina Faso, le démantèlement du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) fragilise le pouvoir alors que les forces armées et la police peinent à relever les défis sécuritaires. Au même moment, pouvoir civil et autorités militaires s’embourbent dans une bataille de leadership chronique en Guinée-Bissau. Pendant ce temps, la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry et le Togo, croulent sous une fragilisation liée à leur instabilité socio-politique. Aussi, l’analyse révèle des Etats au front socio-politique instable. C’est le cas du Bénin dont la démocratie est de plus en plus mise à l’épreuve par l’existence de partis régionalistes et de partis familiaux. Parmi les facteurs qui alimentent le radicalisme et l’extrémisme violent, il y a le djihadisme et le chômage des jeunes dans la sous-région. La situation sécuritaire préoccupante avec des attaques terroristes perpétrées en Côte d’Ivoire, au Niger, au Burkina Faso et au Mali, perturbe la quiétude des populations. Il faut ajouter au décor une jeunesse souvent manipulée par les politiques. Au Sénégal, la situation est moins grave car depuis 1968, les jeunes parviennent à tirer leur épingle du jeu. Mais le phénomène local des talibés vient ternir l’image des jeunes du pays.
Dans les sessions d’échanges d’expériences, les autorités présentes ont partagé leurs parcours pour inspirer la jeunesse. C’est le cas du ministre de la Promotion de la Jeunesse, M. Sidi Tiémoko Touré, du représentant permanent de la CEDEAO en Côte d’Ivoire, SEM. Babacar Carlos Mbaye et de Mme Salimata Porquet du Réseau des Femmes pour la Paix et la Sécurité dans l’espace CEDEAO. Pour sa part, la jeunesse a souhaité être écoutée et que les outils de la CEDEAO prennent en compte son bien-être. Des recommandations ont été formulées par les leaders. Elles vont dans le sens d’une série de plaidoyers auprès des autorités pour l’application effective des résolutions 1325 et 2250, relatives à la responsabilisation et à la participation active des femmes et des jeunes dans les processus de paix et de sécurité.