Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
L’élection présidentielle sénégalaise s’approche à grand pas. En effet, même si l’expertise du Sénégal en matière de vote est reconnue en Afrique et particulièrement dans la sous région, force est de constater qu’en vue de la présidentielle prévue au mois de février 2019, les germes d’une crise électorale et de contentieux post électoraux sont apparents. Le Gorée Institute, toujours dans sa dynamique de rendre opérationnel sa stratégie pluri dimensionnelle de prévention de conflits, reçoit une initiative de toutes les organisations de la société civile sénégalaise (OSC) impliquées dans le processus électoral. A travers cette rencontre, il s’agit de rééditer la stratégie de 2012 consistant à mettre en synergie toutes les organisations spécialisées dans la matière électorale afin de leur permettre d’impulser une dynamique unitaire, de mutualiser leurs ressources et d’impacter qualitativement sur le processus.
Dans quelques mois, le Sénégal est appelé à procéder à une mise à jour de la légitimité légale rationnelle des détenteurs du pouvoir politique. En effet, même si notre pays a toujours été vu comme un « pays laboratoire » relativement aux processus politiques en Afrique de l’ouest notamment francophone, les avancées notées de même que les sursauts démocratiques n’ont pas été des acquis définitifs en ce sens que certains de ces acquis, du fait du jeu des acteurs, notamment des acteurs politiques, sont fragiles et instables. Il importe de souligner que généralement, en Afrique, les processus ne sont point linéaires et les acquis démocratiques restent très fragiles. Pour le cas du Sénégal par exemple, l’actuel processus électoral en cours est jalonné de discordes portées principalement du fait d’un jeu biaisé des acteurs politiques et portant principalement sur la définition du cadre légal. Constatant ainsi une implication très disparate de la société civile devenue quasi inaudible avec un impact faible dans le débat en cours, le Gorée Institute ainsi que ses partenaires traditionnels en matière électorale voient la nécessité de renforcer le leadership des OSC afin que ces dernières puissent concourir de manière efficace à l’apaisement et à la création des conditions d’un débat politique fécond, mais également d’offres politiques pertinentes par les acteurs politiques notamment en période électorale. Il est donc question de mettre la société civile dans les mêmes dispositions techniques qu’en 2000 et 2012 où celle-ci avait réussi à être à la hauteur des défis et enjeux de démocratisation, en menant, à travers un front d’action, des activités de prévention auprès des acteurs et en s’inscrivant dans une dynamique scientifique de mise à disposition d’informations d’aide à la décision en vue de prévenir les conflits électoraux. L’opérationnalisation du « Village électoral » (Situation room électoral), sous le leadership de fortes figures de la société civile et la mise sur pied d’un Groupe de contact et de facilitation, en 2012, constituent des actions de prévention pouvant être citées en exemple. L’atelier qui se tiendra du 02 au 03 août 2018 dans les locaux du Gorée Institute vise ainsi à capitaliser des résultats fort appréciés de la société civile en 2012, lui ayant permis d’exporter son expertise dans la sous région et un peu partout en Afrique. Il s’agira spécifiquement d’impulser une dynamique unitaire de la société civile et de fédérer toutes ses catégories ayant des identités différentes en vue de l’accompagnement de l’élection présidentielle et des futures échéances électorales au Sénégal.
A l’issue de cet atelier, la société civile sénégalaise espère une analyse exhaustive du contexte préélectoral, une mise en place du cadre unitaire et opérationnel de la société civile en vue de l’élection présidentielle, de même qu’une proposition d’un Code de conduite de la société civile pour une intervention efficace et coordonnée et une diffusion de la Déclaration de la société civile tenant lieu d’un engagement en vue de l’élection présidentielle. Il est également prévu, en amont de l’atelier, de définir et de partager avec les parties prenantes et les partenaires un Programme commun d’observation et de monitoring électoral couvrant des étapes importantes du cycle électoral.