Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Dans le cadre de son vaste programme d’observation, de monitoring et de documentation du processus électoral sénégalais de 2019, le Gorée Institute a déployé 100 observateurs dans les 14 régions du Sénégal depuis le mois de novembre, après les avoir initiés au système de monitoring des violences électorales, à l’identification de la violence électorale et à la procédure de monitoring de la violence.
En initiant le monitoring de la violence, l’Institut Gorée vise entre autres à disposer d’informations permettant d’apprécier la situation sécuritaire à intervalle de temps régulier et également d’anticiper sur les actions à mener pour circonscrire toute initiative potentiellement porteuse de violence des plages de collaboration. Ce programme également permet au Gorée Institute de rendre compte, à toutes les étapes, des conditions de déroulement du processus électoral en général en vue d’élaborer une cartographie de la violence électorale et de formuler des recommandations permettant de mettre en place un système d’alerte précoce.
Les moniteurs sont supervisés par 14 coordonnateurs régionaux (CR) dont un dans chacune des régions, avec l’appui du coordonnateur national. Ils font parvenir les données, ce qui permet d’avoir en temps réel les informations, de les analyser (analyse quantitative et qualitative) et de finaliser des rapports en vue d’une réponse appropriée face à chaque situation. Deux rapports sont déjà produits à cet effet par l’Unité d’Assistance Electorale (UAE) de l’Institut.
Climat de la tension électorale
Du 1er au 12 février 2019, les moniteurs déployés sur le terrain ont remonté 154 alertes de climat de la tension dont 58 font état d’aucune tension, 60 cas de climat de tension faible[1], 21 cas de tension moyenne[2] et 13 cas de tension haute. Le climat électoral est un indicateur permettant d’apprécier les signes annonciateurs relativement à d’éventuels actes de violence sur le terrain. Selon le climat électoral dans une localité donnée, le type d’action idoine à mener dans une perspective de prévention des conflits électoraux.
Tableau 1: Cartographie de la tension électorale
Region | Faible tension | Tension moyenne | Forte tension | Total |
Dakar | 15 | 9 | 7 | 31 |
Diourbel | 5 | 5 | 2 | 12 |
Fatick | 3 | 0 | 0 | 3 |
Kaffrine | 1 | 0 | 0 | 1 |
Kaolack | 3 | 1 | 0 | 4 |
Kédougou | 3 | 0 | 0 | 3 |
Kolda | 1 | 0 | 0 | 1 |
Louga | 3 | 0 | 0 | 3 |
Matam | 2 | 0 | 0 | 2 |
Saint-Louis | 5 | 0 | 0 | 5 |
Sédhiou | 2 | 0 | 0 | 2 |
Tambacounda | 2 | 2 | 0 | 4 |
Thiès | 10 | 3 | 5 | 18 |
Ziguinchor | 5 | 0 | 0 | 5 |
Total | 60 | 21 | 13 | 94 |
A Dakar en effet, sur 31 alertes signalées, 7 font état d’un climat de forte tension et 9 d’un climat de tension moyenne et palpable. De même qu’à Thiès, sur 18 alertes reçues, 5 font état d’un climat de forte tension. Ainsi, Dakar et Thiès restent encore des foyers de forte tension et de violence électorale.
Tenant compte de l’état des lieux de la tension électorale, l’Institut Gorée
- Appelle au calme et à la sérénité à tous les acteurs politiques
- Tire la sonnette d’alarme et demande aux autorités en charge de la sécurité de tenir compte du climat électoral présenté sur le tableau ci dessus afin d’anticiper sur la sécurisation des régions à fort niveau de tension électoral et la prévention de toute forme de violence
- Appelle les acteurs de la société civile, les leaders d’opinion, d’initier des actions de facilitation et de bons offices afin que le calme et la sérénité puissent régner pour que le processus électoral puisse aboutir.
Fait à Dakar, le 12 février 2019
[1] La population peut être inquiétée par les politiques ou par le processus électoral, mais les risques de violence paraissent faibles, la population continue à vaquer à ses occupations.
[2] Les gens sont dans la rue ou les militants d’un parti politique sont en train de se disputer, il y’a souvent des protestations, les risques de violence sont réels, la population a changé de routine à cause des problèmes de sécurité