Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Le radicalisme religieux est une idéologie qui se fonde sur une religion et une pratique ou une modalité extraterritoriale. De ce point de vue, il y a lieu de réfléchir sur une réponse fondée sur la même religion avec une modalité territoriale. Par ailleurs, les secteurs qui reflètent les menaces sont à investir pour élaborer des stratégies idoines de réponse. A ce niveau, les confréries sont des entités qui ont une excellente maîtrise des savoirs islamiques, et elles présentent l’avantage d’être des émanations d’une conjonction de l’histoire et de la culture du territoire. C’est ce qui leur confère cette légitimité dont elles jouissent et cette conscience de leur responsabilité sur la survie du legs.
Comment tirer profit de ces entités ?
Il est d’une importance capitale de les consulter sur certaines grandes questions qui engagent la société et la nation afin de les entretenir sur les enjeux et solliciter leur appui : toutes les grandes réformes, que ce soit institutionnel ou autres, les problématiques qui touchent la religion, comme le jihadisme et le terrorisme, les réformes sur l’éducation. Il est utile de prendre en charge les besoins des confréries, en matière d’infrastructures utiles pour la communauté, qui peuvent être inclues dans les politiques publiques. En ce qui concerne le système éducatif, outre la réforme des curricula qui doit prendre en charge la mémoire des territoires, l’histoire de l’islamisation, les fondements culturels de la cohabitation, il est utile de travailler sur un socle commun relatif au fait religieux dans la sous-région. Il faut une approche régionale des curricula concernant l’histoire des religions et des idées, l’histoire de l’Afrique, l’éducation civique et citoyenne, la sécurité.
Au plan média
Le radicalisme tire profit de l’explosion médiatique et du vide laissé au niveau des espaces religieux. Il est impératif de corriger le vide et de mettre en place des structures légères, genre observatoire du discours religieux, non pas pour censurer mais pour proposer un discours alternatif. Enfin, avec la velléité de régionalisation d’une oumma, qui réponde aux vues des salafistes, la réponse doit être l’encouragement des regroupements de leaders religieux et d’intellectuels musulmans éclairés, capables de proposer des plans d’actions dans le sens de contrer le radicalisme, avec intelligence, clairvoyance et efficacité.
Source: Rapport Atelier sous régional sur « Le radicalisme réligieux et les menaces sécuritaires en Afrique de l’ouest : perspectives nationales et régionales », Gorée Institute 2016