Article de la semaine-Focus sur l’Unité d’Assistance Electorale et le modèle d’accompagnement électoral de l’Institut Gorée

Depuis 2012, l’Institut Gorée, fort d’une décennie d’expériences au service de l’observation, de la recherche et de la formation dans toutes les problématiques liées à la matière électorale, s’est doté d’une Unité d’Assistance Electorale (UAE). A cette suite, l’Institut s’est doté de plusieurs outils et a mis en place, tirant enseignement de ses diverses expériences de terrain pour modéliser une approche, un modèle d’accompagnement électoral. Ce modèle a ainsi été expérimenté :

Au Sénégal en 2012 (Elections présidentielle et Législatives)

En République de Guinée en 2013 (Elections législatives)

En Guinée Bissau en 2014 (Elections présidentielle et législatives)

Au Congo Brazzaville en 2014 (Elections locales)

En Côte d’Ivoire en 2015 (Election présidentielle)

Au Burkina Faso en 2015 (Election

En Union des Comores en 2016 (Elections présidentielle et des Gouverneurs)

L’érection d’une Unité d’assistance électorale depuis 2012, principalement dédiée à l’accompagnement électoral par la mise à disposition d’outils de monitoring est à comprendre par cette volonté de dépouiller les processus électoraux en Afrique de toute charge « conflictogène » si l’on sait que la plupart des instabilités en Afrique partent d’élections mal organisées. Ainsi donc, grâce à l’accompagnement électoral prodigué par l’Institut Gorée, une masse de citoyens africains a pu bénéficier, de manière ponctuelle, d’un ensemble d’outils pour une implication effective dans les processus électoraux. Il convient de dire que ce modèle d’accompagnement, ainsi que le contenu y relatif, est éprouvé à travers plusieurs régions de l’Afrique, selon plusieurs types de scrutins et dans des contextes politiques différents.

Il est aisé de démontrer que le modèle d’accompagnement de l’Institut a pu, grâce aux bonnes dispositions de partenaires techniques et financiers (PNUD, UE, Conseil de l’Entente, ONU FEMMES, etc.) être testé et éprouvé dans le temps et dans l’espace africain. De même, les bénéficiaires sont divers. En effet, l’Institut a, préalablement à ses interventions en Afrique, mis en place des plateformes de veille, des réseaux regroupant plusieurs organisations de la société civile au sein de ces différents pays. Ceci a induit un foisonnement d’expériences méritant, sans prétention aucune, l’identification de bonnes pratiques pouvant renforcer le modèle d’accompagnement électoral et enrichir le débat, relativement au management des élections, sous la perspective non pas uniquement de l’administrateur électoral, mais également de l’observateur, de l’électeur, des médias, des forces de défenses et de sécurité, etc.

Une bonne pratique n’est pas uniquement une pratique qui est bonne, mais une pratique ayant fait ses preuves et permis d’obtenir de bons résultats, et qui est dès lors recommandée comme modèle. C’est une expérience réussie, testée et validée, au sens large, répétée, qui mérite d’être partagée afin qu’un plus grand nombre de personnes se l’approprient.

Le Guide des Bonnes Pratiques en matière d’observation et de monitoring électoral pourra être mis à la disposition de toute initiative citoyenne, notamment africaine ayant pour but de contribuer à renforcer, à crédibiliser et à pacifier un processus électoral, si l’on sait que les contextes mais également les enjeux de consolidation et de renforcement de nos jeunes démocraties africaines sont très similaires.

L’Unité d’Assistance Electorale érigée ainsi que les outils mobilisés en son sein permettent, en outre, de relever le défi de la production et de la maîtrise de l’information à un niveau endogène. Le positionnement de l’Institut Gorée dans le domaine électoral se poursuivra tenant compte donc du caractère aléatoire, fragile et « conflictogène » des processus démocratiques en Afrique. Ce positionnement s’enchâsse dans une stratégie communautaire élaborée en 2001 au sein de l’espace CEDEAO dont le dessein, en statuant sur la Gouvernance, la Démocratie et les Elections, est de prévenir et de résoudre les conflits en Afrique, pour une stabilité structurelle et durable : le Protocole a/sp1/12/01 sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance additionnel au Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité.

Au-delà, dans un cadre continental, les africains, à travers l’Union africaine, se sont investis dans la mise en place d’une Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (AAPS) dont la création répond à une volonté d’autonomisations des mécanismes africains de sauvegarde de la paix et de la sécurité et une possibilité de mieux multiplier ces mécanismes pour répondre aux nombreux risques et menaces. L’Unité d’Assistance Electorale contribue, dans une certaine mesure, à la réalisation de cette initiative.

L’UAE contribue également à l’enrichissement du Projet du Savoir Electoral (PROSE) conçu dans un souci de production d’informations pour enrichir la science électorale. Pour rappel, l’élection, le mode de légitimation du pouvoir universellement reconnu aujourd’hui, est un segment d’un processus politique en cours au sein d’un Etat. D’un processus électoral bien défini, mis en œuvre avec professionnalisme et responsabilité, dépendra dans une très large mesure, la mise en œuvre des politiques publiques. Dans ce sillage, apparaît la problématique de la Gouvernance pour l’évaluation du niveau de performance et d’efficacité des politiques publiques.

Enfin, précisions que le Guide des bonnes pratiques de l’Institut n’est point la panacée, mais une identification de bonnes pratiques en matière d’observation et de monitoring électoral parmi tant d’autres bonnes pratiques. Il y est abordé quelques principes du management des organisations car une organisation forte, crédible, se soumettant aux exigences des principes de la gouvernance organisationnelle est un préalable, une garantie à la mise en œuvre d’une action avec succès. Le Guide de l’Institut : Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique, est sa contribution en matière électorale, nanti de sa vision d’œuvrer à l’émergence de sociétés africaines paisibles et autosuffisantes en Afrique.