Conflits et médiation en Afrique de l’Ouest

Conflits et médiation en Afrique de l’Ouest : documentation des expériences

La médiation. Qu’est-ce que ce mot évoque dans nos esprits ? Pour certains, il s’agit de choses locales, de petites disputes. D’autres le mettraient plus à un niveau étatique, mais, en général, nous faisons référence à quelque chose qui se passe comme un moyen de mettre fin aux conflits violents aux niveaux national et international. Bien trop souvent, quand nous entendons ce mot, nous pensons aux personnes éminentes faisant partie du processus, aux présidents, aux anciens présidents, aux secrétaires généraux de l’ONU et aux envoyés spéciaux.

Pour ceux qui travaillent dans le domaine de la consolidation de la paix et de la résolution des conflits, ce pourrait être moins souvent le cas. Nous comprenons la valeur et la contribution de la médiation à différents niveaux, ceux de la communauté, de la société civile et au niveau international. Nous comprenons l’importance du temps en termes d’efficacité de la médiation comme un outil. Nous comprenons qu’elle n’est pas la réponse à tous les conflits et à toutes les étapes des conflits. Mais nous savons également qu’il s’agit d’un outil essentiel pour la prévention et la consolidation de la paix, et que les résultats d’une médiation bien faite peuvent être durables.

L’Afrique de l’ouest est malheureusement riche en études de cas de conflits qui ont besoin de médiation à tous les niveaux, et pour une pléthore de raisons. Non seulement avons-nous eu des coups d’États et des conflits ethniques et civils, mais il existe aussi des situations qu’on pourrait décrire comme des conflits latents ou politiques, comme en Guinée, situation parfaitement décrite par le Représentant spécial du Secrétaire général et chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’ouest, Son Excellence l’ambassadeur Said Djinnit, quand il dit : «Il ne s’agit pas d’un conflit entre un mouvement rebelle et un régime, non, il s’agit d’un conflit dans lequel on voit des alliances changer. Je veux dire que cela tout seul pourrait être le sujet d’un livre entier. Les acteurs et les attitudes changent tous les jours. Les alliances changent à cause des affiliations politiques, des affiliations ethniques, à cause d’autres alliances, et cela intrigue après intrigue. Chaque semaine il y a un obstacle et il faut exercer une médiation, ou négocier cet obstacle ou celui-là, ou un autre.»

L’Institut Gorée n’a pas commandité une publication en 2010 pour établir une compréhension universitaire ou théorique de la médiation. Nous vous apportons des expériences personnelles de médiateurs bien connus en Afrique de l’ouest. L’œuvre n’est en aucun cas exhaustive, mais elle donne une idée des expériences, des défis que les médiateurs traversent et des sacrifices individuels qu’ils font afin de contribuer à une sous-région paisible.

Dans des portraits, les médiateurs partagent leurs perceptions autour du contexte dans lequel ils travaillent… ce qu’ils considèrent comme leurs forces… et leurs succès et leurs échecs. Nous illustrons également des thèmes larges à travers les pays, examinant s’il y a des aspects qui sont particulièrement «ouest-africains » dans leur approche de la médiation, et leurs perspectives sur la valeur et les défis de la médiation à leurs niveaux particuliers. Il ne s’agit pas d’une volonté d’être controversé ou de faire des commentaires sur la valeur de ces individus en tant que médiateurs, il ne s’agit que d’avoir accès à leurs impressions, leurs expériences et leurs avis sur la médiation.

Finalement, avec ces quelques études de cas, nous avons encouragé la voix des médiateurs à sortir. Nous avons essayé de nous concentrer sur ceux qui sont impliqués dans les conflits moins politiques, ceux-là étant déjà bien mieux documentés. Bien que nous ayons essayé d’encadrer leurs pensées et leurs idées, certains ont parlé plus des questions qui les intéressaient, et sûr d’autres moins, et nous avons laissé cela en tant qu’image de leur caractère. Cependant nous avons structuré tous les profiles de la même manière, sauf le profil d’introduction, dans le but de simplifier la lecture : La poignée de main : apprendre à connaitre nos médiateurs, nous livre une petite biographie du médiateur et quelques idées d’ordre général sur la médiation ; En bons voisins : Vues sur la médiation dans la sous régions, donne l’opinion du médiateur sur la médiation et les conflits dans la sous région ainsi que les conflits dans leurs pays ; Le tambour d’appel : les expériences personnelles dans la médiations, décrit les expériences spécifiques des médiateurs ; Dans la calebasse : opinions sur les différents problèmes liés à la médiations, présente les points de vues des médiateurs sur des questions telles que la formation, le genre, la culture et les acteurs externes dans le processus de médiation dans la région et finalement ; partager la noix de cola : partager les expériences et les leçons apprises, décrit les souvenirs qui les ont le plus marqués, les succès, défis et leçons apprises. En même temps, la différence de longueur de chaque profile est due aux réalités des limites de temps dont disposaient les personnes aussi dévouées que celles que nous avons interviewées.

Nous soulignons la variété des personnes impliquées dans la médiation dans la région et nous attirons votre attention sur les efforts qui se font en Afrique de l’ouest, parce que, en dépit des défis, il est clair que la volonté existe. Comme l’a exprimé Son Excellence l’ambassadeur Djinnit, « en général, je crois que les africains ont été bons, et ils ont démontré qu’ils sont volontaires, et ils ont fait cela en confrontant leurs propres problèmes et en s’impliquant dans la médiation, qui a été, la plupart du temps, gérée par les africains, surtout en Afrique de l’ouest. » Pour nous à l’Institut, il s’agit d’approfondir notre compréhension de la pratique de la médiation dans la région afin de voir comment mieux la soutenir.

Ci-dessous le lien de la publication intégrale

https://goreeinstitut.org/index.php/ressources/nos-publications/livres-etudes/7-celui-qui-tue-une-fourmi-avec-soin-peut-decouvrir-ses-intestins-la-documentation-de-l-experience-des-mediateurs-ouest-africains-vf-va/file