Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Dans son rapport d’avril 2012, le Groupe d’expert des Nations Unies sur la Côte d’Ivoire dit s’être procuré des documents attestant que, sous la présidence de Laurent Gbagbo, les autorités ont cherché à plusieurs reprises à échanger du pétrole et du caco contre des armes. Ces procédés semblent toujours d’actualité sous la présidence d’Alassane Ouattara. En effet, selon le rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur la Côte d’Ivoire daté du 15 octobre 2012, il pourrait exister un trafic illicite « sans précédent » de cacao et de noix de cajou à travers la frontière ghanéenne. Les produits financiers découlant de ce trafic pourraient servir à l’acquisition d’armes et de matériels connexes, en violation du régime de sanctions.
En outre, suite à une analyse des documents de l’audit de la Société nationale d’opérations pétrolières de la Côte d’Ivoire (PETROCI), les experts des Nations Unies craignent un détournement des fonds issus de l’industrie pétrolière aux fins d’achat d’armes et de matériels connexes. Le Groupe relève également un accroissement important de l’extraction artisanale d’or au cours de ces dernières années. L’augmentation probable du nombre d’acheteurs et d’explorateurs illicites dans le pays risque d’avoir un impact négatif sur les relations entre les communautés locales d’une part et entre les populations locales et les compagnies d’extraction minière d’autre part. Le Groupe n’exclut pas que ces activités illicites aient servi à l’achat d’armes.
Par ailleurs, le Groupe d’experts reste très préoccupé par l’utilisation faite des recettes issues de la production de diamants bruts dans les gisements du nord du pays. Si les activités extractives ne sont pas interdites, la Côte d’Ivoire demeure le seul pays producteur de diamants dont les exportations font l’objet d’un embargo imposé par le Conseil de sécurité. Or le Groupe d’expert note que « des diamants continuent à être exportés illégalement et de circuler sur le marché international ». De plus, selon le groupe d’experts, il est probable que l’industrie diamantifère soit une source de revenu pour l’achat d’armes et de matériel connexe ou bénéficie à certains chefs de guerre des com’zone dans le nord du pays. Le groupe d’expert invite ainsi le Gouvernement ivoirien à « rétablir le contrôle administratif sur l’extraction des diamants et à faire en sorte que ceux-ci contribuent au développement économique de l’État ».
Source : Ouvrage « Systèmes de conflits et enjeux sécuritaires en Afrique de l’Ouest », Gorée Institute 2012