Article de la semaine-Secteur extractif du Sénégal : les défis de la gouvernance (impact économique et social)

Le Sénégal, en plus de sa position géostratégique privilégiée en Afrique de l’ouest, peut désormais se prévaloir de son énorme potentiel en ressources minérales et énergétiques. Le secteur extractif est un pilier important pour le développement du pays, puisque le sous-sol sénégalais recèle d’importants gisements de fer, d’or, de zirconium, de phosphate, de pétrole, de gaz, etc.

Contribution actuelle du secteur extractif à l’économie nationale

L’économie sénégalaise est tirée en grande partie par l’exploitation des ressources naturelles dont regorge le pays, notamment la production minière, la pêche et l’agroforesterie qui sont aussi les principales sources d’emploi dans les zones rurales du pays. En 2017, selon le Comité national de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (CN-ITIE), le secteur extractif représentait 35,5% des exportations, 4,6% du Budget Général de l’Etat, 1,9% du PIB et 0,3% de l’emploi. Au total, les revenus générés par le secteur extractif s’élevaient à 126,7 milliards de FCFA, dont 85,8% ont été affectés au Trésor Public et 15% répartis entre le compte d’exploitation de PETROSEN, les fonds propres des organismes collecteurs, la caisse de sécurité sociale, les fonds revenant à l’UEMOA et à la CEDEAO, les dépenses sociales. En 2018, selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), le cumul des exportations du Sénégal s’élevait à 1670,0 milliards de FCFA, soit une hausse de 12,4% par rapport à l’année précédente (1486,4 milliards de FCFA en 2017). Cette hausse s’explique essentiellement par l’augmentation des expéditions de produits tels que l’or non monétaire (71,7 milliards de FCFA), les produits pétroliers (12,4 milliards de FCFA), les produits halieutiques (12,3 milliards de FCFA), les arachides non grillées (11,8 milliards de FCFA) et le zirconium (6,2 milliards de FCFA).

Dans les prochaines années, cette contribution du secteur extractif est appelée à augmenter : d’une part grâce à l’exploitation des ressources pétrolières et gazières découvertes au large des côtes sénégalaises entre 2014 et 2016 ; et d’autre part grâce à la forte augmentation en perspective de la production minière. En effet, selon la Société des Pétroles du Sénégal (PETROSEN), le Sénégal est riche en cinq gisements pétroliers, dont les réserves sont estimées entre 450 et 500 millions de barils. Les découvertes réalisées en janvier 2016 à cheval sur la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie font état de l’existence d’un des plus importants gisements de gaz naturel en Afrique de l’Ouest, avec des réserves estimées à 450 milliards de m3. Qui plus est, le Sénégal demeure une grande région de réserves d’or inexploitées. La société Bassari Resources Senegal, spécialisée dans le forage et le minage, a identifié environ 30 anomalies aurifères dans la zone inexplorée du pays. Ainsi, entre 2018 et 2022, la production aurifère est censée augmenter de 20% pour générer ainsi un total de 230 millions de dollars en cash-flow libre. Enfin, les réserves en minerai de fer du pays sont estimées à 650 millions de tonnes, dont l’exploitation sera un facteur de croissance et de diversification de l’industrie minière.

Mais un impact social et économique encore très faible

Les impacts socioéconomiques des grands projets miniers sont encore très limités. Malgré le dynamisme de ce secteur, on note encore une faible prise en charge de la demande sociale dans les zones d’exploitation, une insuffisance des équipements, et surtout retombées financières au profit des collectivités locales quasi inexistantes. En dépit de la hausse des interventions de l’Etat et de ses partenaires, on constate surtout une accentuation de la pauvreté, une insuffisance de l’accès aux services sociaux de base et une précarisation des conditions de vie des populations dans les zones d’exploitation. Pour exemple, les chiffres de l’ANSD montrent clairement que le dynamisme de l’activité extractive n’a pas encore contribué à régler le problème du chômage au Sénégal. Car, en 2017, le taux de chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus était estimé à 15,7%. Ce taux est légèrement plus élevé en milieu urbain où 18,6% de la population active étaient au chômage contre 13,1% en zone rurale. Les femmes (22,1%) sont davantage plus touchées que les hommes (9,6%).

 

Source : Gorée Update Spécial Ressources naturelles (Janvier 2019)