Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’Appui au processus Démocratique et de consolidation de la paix en Côte d’Ivoire, la Plateforme Panafricaine des Femmes et des Jeunes pour la Paix, la Démocratie et la Gouvernance (2PFJ), avec l’appui financier du PNUD et l’accompagnement technique de Gorée Institute, a déployé dans 16 communes réparties sur toute l’étendue du territoire 70 moniteurs de la violence électorale en vue d’informer en temps réel sur les incidents de violence, le climat de tension, les initiatives de paix et les problèmes pré-électoraux. Ce premier rapport publié par ladite Plateforme présente les résultats du monitoring de la violence électorale dans les communes couvertes par le projet, du 03 au 10 octobre 2018.
Le monitoring de la violence ayant pour objectif de renforcer la capacité des acteurs de la société civile dans la prévention et l’atténuation des violences électorales, et surtout de documenter la violence électorale en Côte d’Ivoire, la 2PFJ, chiffres à l’appui, dévoile dans son premier rapport sa méthodologie, décèle les incidents de violence, situe la cartographie des incidents de violence, énumère les types de violence, répertorie les auteurs et les victimes, donne les résultats ou conséquences des violences et enfin décrit le climat de la tension électorale.
Dévoilant sa méthodologie sur le monitoring de la violence, la 2PFJ indique dans son premier rapport avoir utilisé celle dite « EVER » (Election, Violence, Evaluation, Résolution), déjà utilisée dans certains pays dans le monde (Nigeria, Maldives, Ghana, Népal, etc.), et qui vise à recueillir les données recueillies vérifiables sur les cas de violences électorales pendant la période ciblée.
Ainsi, pour suivre les différents incidents qui se sont produits et mesurer le climat qui prévaut en cette période électorale, la Plateforme Panafricaine a déployé 70 moniteurs dans 16 communes (Grand-Bassam, Aboisso, Korhogo, Lakota, Divo, Agboville, Daloa, Duekoué, Tanda, Bouaké, Yopougon, San-Pedro, Plateau, Abobo, Guiglo, Bouna). Les moniteurs font parvenir les informations (climat et incident) par appel téléphonique sur la plateforme technologique (http://2pfj.org/violence) réalisée à cet effet. Une base de données est donc mise en place après que ces informations aient été vérifiées. Les résultats obtenus leur ont ainsi permis d’analyser la situation sous plusieurs angles : le fonctionnement des organes de gestions des élections, l’activité politique, le niveau d’imprégnation et d’éducation des populations au vote, les différents initiatives entreprises au niveau communautaire pour atténuer les actes de violence et faciliter contribuer à un climat de paix et de sécurité durant la période électorale.
Concernant les incidents de violence, la Plateforme qui a fait la cartographie des incidents de violence indique dans son premier rapport que durant la période couverte par ce rapport, douze (12) alertes d’incidents de violence ont été notées par les moniteurs déployés sur le terrain. Des incidents, précise-t-on, qui ont en majorité eu lieu pendant la campagne électorale (8 cas à Guiglo, 1 cas à Grand Bassam, 1 cas au Plateau, 1 cas à Korogho, 1 cas à Aboisso). Le rapport ne manque pas de préciser que les incidents de violence notés l’ont été uniquement sur la base du plan de déploiement stratégique réalisé.
Enregistrant les types de violence liée à la campagne électorale, le rapport de la 2PFJ note 5 cas de destruction de matériel de campagne, 4 cas d’agression physique/torture physique, 4 cas d’agression morale, 4 cas d’intimidation, 2 cas de destruction de matériel électoral, 2 cas d’affrontements de groupes de personnes, 1 cas de destruction de propriété, 1 cas de vol, 1 cas de menace d’agression physique.
Concernant les auteurs et les victimes, les rapports d’incidents montrent que ce sont les militants de partis politiques qui sont essentiellement les auteurs (75% des cas) et également les victimes (67% des cas). Cet indicateur renseigne sur le niveau d’implication des acteurs politiques dans la campagne mais surtout en tant que vecteurs de violence électorale.
En termes de conséquences, les moniteurs de la Plateforme ont noté des cas de personnes blessées (50% des cas) avec 25 personnes blessées. La campagne électorale a été également perturbée par ces incidents de violence.
En ce qui concerne le climat de la tension, au cours de cette période, sur les 48 données remontées par les moniteurs, 23 font cas d’aucune tension, 21 cas de climat de tension faible, 2 cas de tension moyenne et 2 cas de tension haute.
Toujours dans ce premier rapport de la 2PFJ, il est précisé que le climat électoral permet d’anticiper sur les éventuels actes de violence. Par ailleurs, un climat électoral ressortant un haut niveau de tension peut annoncer de futures violences électorales. Ainsi par la définition du climat électoral, il est possible voire opportun de définir des actions de prévention et de gestion de conflits, des stratégies anticipatives de circonscription d’éventuels actes de violence.