Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
L’arrivée du COVID-19 a eu cet effet positif d’intensifier les engagements citoyens et étatiques en Afrique et dans le monde. En guise de riposte à la pandémie dont l’ascension est de plus en plus fulgurante, on a assisté, à l’instar du Sénégal, à la création de cellules nationales de crise et de fonds de solidarité contre les effets de la maladie à coronavirus. Mais, ces dons et autres actions de solidarité qui résultent de cet élan solidaire et patriotique arrivent-ils à destination des ayant droits ? Le Gorée Institute, soucieuse de la gouvernance transparente et inclusive, donne des recommandations allant dans ce sens pour éviter l’éclipse de cette unité nationale qui pourrait altérer la guerre déclarée à ce virus mortel.
La maladie COVID-19 a servi de pesanteur pour comprendre le niveau d’engagement des citoyens du monde et particulièrement des sénégalais. Dans le but de stopper sa progression, le chef de l’Etat sénégalais a déclaré l’Etat d’urgence jusqu’au mois de juin. En effet, même si la pandémie touche l’ensemble de la population mondiale, force est de noter que ce sont les plus vulnérables et les plus pauvres qui sont les plus impactés, tant d’un point de vue sanitaire qu’économique. Plusieurs foyers ont vu leurs activités génératrices de revenus se heurter à un frein depuis l’apparition de la pandémie. A cet égard, l’Etat du Sénégal a dégagé une enveloppe de 69 milliards pour appuyer 959 255 ménages sénégalais en situation difficile. Mais ces soutiens financiers exigent une distribution transparente afin que les destinataires puissent, sans difficulté, y accéder. Le Gorée Institute qui accorde une priorité absolue à la transparence dans tout type de gouvernance recommande aux décideurs politiques de procéder à une gestion transparente de ces fonds pouvant permettre aux populations d’adopter les mesures de prévention idoines sans être exposées au virus. Deux principales valeurs nous semblent ainsi importantes pour réaliser l’exploit d’une distribution saine : la transparence et la redevabilité.
Relativement à la transparence, il importe de connaître avec exactitude les ménages concernés par cette aide, ainsi que le nombre de personnes physiques ou morales chargées de la distribution afin de faire un bilan final. Traditionnellement, la transparence exige le partage de l’information et l’implication de tous les acteurs, bref une gestion inclusive. La chaine de distribution doit en réalité être claire afin que chacun des destinataires reçoivent le montant ou l’aide qui lui revient de droit. Autrement, l’absence de transparence dans ce contexte de COVID-19 peut conduire à un reniement de la volonté de l’Etat de lutter contre cette pandémie car les populations qui seraient victimes d’une mauvaise répartition des vivres pourraient regagner les marchés et participer à la propagation du virus et par conséquent rendre vulnérable davantage le pays.
Il est ainsi nécessaire de mettre en place un organe spécial pour la distribution des vivres en lien avec la lutte contre le COVID-19. Ainsi, le marché pour le convoyage des vivres de l’aide alimentaire pour assister les populations vulnérables en cette période de crise sanitaire doit être attribué à des personnes de bonne foi, ne pouvant faire l’objet d’aucun reproche dans la gestion des fonds après un appel d’offre clair ou une autre procédure admise dans l’intérêt du Sénégal.
En outre, les irrégularités relevées par la presse dans la mise en œuvre du programme d’aide alimentaire d’urgence doté d’une enveloppe de 69 milliards de Francs CFA, tirée du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du coronavirus ne doivent pas être minimisées. En effet, beaucoup de voix de la société civile et de citoyens lambda se sont élevées pour s’offusquer du marché d’attribution des vivres et de leur transport, décriant un manque de transparence dans le processus.
Le Gorée Institute pense à cet effet que la création d’un organe, quelle que soit son appellation, facilitera la redevabilité des membres en ce sens qu’il permettra de déterminer mieux les responsables des actes qui contreviendront à la loi.
La redevabilité, ou le principe de rendre compte, contribue à la gouvernance participative. A ce titre, l’accès à l’information demeure un aspect très important de la redevabilité dans tous les contextes, notamment ceux qualifiés de crise. C’est pourquoi, nous exhortons les autorités, après avoir salué l’initiative d’aider les citoyens vulnérables, à prendre en compte la transparence comme principe dans la répartition des vivres.
Par ailleurs, les impacts occasionnés par la présence du COVID-19 sur le territoire doivent faire l’objet de publication. Ainsi, les projets affectés par les effets du COVID-19, notamment le projet offshore en eau profonde de SANGOMAR et celui du Grand Tortue Ahmeyim pour lequel il est prévu un report de la date de production du gaz sont des exemples non exhaustifs d’impact du COVID-19. Ainsi, comme la publication des contrats, les incidents qui affectent les projets d’exploitation des ressources minérales doivent aussi faire l’objet de publication afin d’informer le public sur les raisons qui ont conduit à ces retards.
Le Gorée Institute renouvelle son engagement pour la promotion de la bonne gouvernance et incite tous les acteurs à y veiller scrupuleusement.