Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Dans le traitement de l’information, on a tendance à parler de conflit en temps de crise et vice versa. Cependant, même si les termes sont voisins, il y a des facteurs précis qui indiquent un confit et d’autres qui marquent une crise. Conscient que l’information constitue un puissant levier dont la gestion requiert compétences et responsabilité, le Gorée Institute, à travers un atelier de formation des médias tenu en 2015 indiquait aux journalistes issus de dix (10) pays de la Sous-région la posture à adopter pour éviter l’exacerbation des conflits en Afrique de l’Ouest, non sans leur enseigner la différence qui existe entre une crise et un conflit.
Lors de cet atelier de formation sur le thème : « Quelle posture des médias pour éviter l’exacerbation des conflits en Afrique de l’Ouest ? » en vue de faire la promotion du « journalisme sensible aux conflits » dans la région ouest africaine devenue un foyer de tensions et de crises de toutes sortes, Moumina Camara a défini les concepts et la typologie des conflits en Afrique de l’Ouest en décelant la différence entre un conflit et une crise. « Il y a conflit quand il n’y a pas plus de dialogue, quand il y a rupture de la communication. Ce qui va favoriser le recours aux armes. Pour qu’il ait conflit, il faut qu’il y ait un recours à la force et un recours à la violence », analyse l’enseignant au CESTI qui illustre ses propos par le cas de la Casamance où il n’y a pas une confrontation pérenne entre l’armée et le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), du fait de la période d’accalmie. C’est donc lors de la recrudescence des affrontements qu’on peut parler de conflit, précise M. Camara. Dans ce cas précis, on parle de conflit à faible intensité si le nombre de victimes n’excède pas mille par an. Par ailleurs, si le conflit se manifeste par le recours à la violence, la crise elle « s’apprécie par rapport à un état stable qui sert de référence. Le phénomène de crise interne ou internationale représente à la fois une cassure par rapport à un équilibre antérieur (social, national, régional ou mondial) », renseigne-t-il.
Pour sa part, même s’il admet que la crise devient de plus en plus le terme le plus usité pour déterminer un conflit, le professeur Moustapha Gueye fait remarquer que l’espace démocratique est un espace conflictuel par définition. « Dès l’instant que des idées et des intérêts divergent, il y a un conflit. Le conflit en tant que tel n’est pas source de négativité dans la mesure où il permet d’aller vers une solution. La rupture n’est pas irrémédiable si on intervient à temps, c’est-à-dire avant de tomber dans le chaos », explique le formateur au CESTI. En tout état de cause, le conflit lui-même est marqué par des périodes de crise qui déterminent sa dynamique en termes d’apaisement ou d’intensification. D’où l’intérêt d’appréhender les caractéristiques de la crise.
L’atelier qui a été tenu du 20 au 22 avril 2015 par le Gorée Institute avait regroupé des journalistes venus du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Guinée Bissau, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Togo. Il visait à renforcer les capacités des acteurs des médias dans les domaines de la prévention des conflits et de faire la promotion du « journalisme sensible aux conflits ».