GYLA 2024 : échanges de vues sur le Sahel entre les alumni et l’Ambassadeur des Pays-Bas   

Si les représentants de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas avaient fait le déplacement à Gorée lors de la « semaine de Dakar » dédiée à la première cohorte de la 3e édition du Gorée Institute Youth Leadership Academy (GYLA), c’est plutôt l’inverse pour celle de la deuxième cohorte. Ce mardi, c’est l’Ambassadrice des Pays-Bas au Sénégal, Mme Carmen Hagenaars et ses collaborateurs qui ont reçu les vingt (20) alumni du groupe 2 du GYLA 2024 à la résidence de l’Ambassadrice sise à Dakar. Une visite d’échanges et de partages de deux tours d’horloge entre les jeunes et les agents de l’Ambassade des Pays-Bas qui a permis d’examiner en détail le contexte assez particulier de zone sahélienne.

Le GYLA, déroulé depuis trois (3) ans par le Gorée Institute, entre dans le cadre du programme « Power of Dialogue » qui est une initiative financée par le ministère néerlandais des Affaires étrangères. A ce propos, l’Ambassadrice, Mme Carmen Hagenaars, estime qu’il est important d’avoir les échos des principaux concernés dans le cadre d’une telle collaboration. Car, dit-elle, « les défis au Sahel sont nombreux et il est bien d’en discuter ». Même si elle reconnaît l’existence de beaucoup d’éléments positifs.

Le Sahel étant une région primordiale pour l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, Mme Anne Sophie KESSELAAR, Première Secrétaire de l’Ambassade et Chargée des Affaires régionales et du Sahel a listé les difficultés notées dans beaucoup de domaines, notamment le développement, l’humanitaire et la politique. Ainsi, à l’en croire, la posture qu’il convient d’avoir est la recherche d’impact dans le contexte actuel, mais aussi la collaboration pour instaurer la stabilité dans les pays du Sahel. En ce sens, elle n’a pas manqué de rappeler que l’Ambassade des Pays-Bas fait de son mieux pour appuyer les populations du Sahel.

Dans leurs différentes interventions, les jeunes du GYLA y sont allés franco en abordant toutes sortes de contraintes touchant la région du Sahel, notamment l’impact réel de l’aide au développement, l’état de l’espace civique, les difficultés d’accompagnement, de financement, de renforcement et d’emploi des jeunes, les problèmes de terrorisme, d’autonomisation des femmes, de scolarisation des enfants, etc. Sur la kyrielle de problématiques posées par les jeunes, il y a aussi le problème d’engagement et de financement des jeunes des partis politiques, les défis liés à la sensibilisation des jeunes ayant perdu l’espoir et la perception des coups d’Etat par les jeunes.

Le problème de centralisation des activités dans les capitales au détriment des villes lointaines, le sentiment de marginalisation des populations et le problème d’implication des autorités locales dans certaines prises de décisions ont été aussi passés au crible, de même que la nature des partenariats entre l’Europe et les pays du Sahel, le problème de la désinformation et de la manipulation, le manque de liberté (d’expression, des partis politiques) et le problème de l’accès à la justice. Les jeunes qui ont exploré ces diverses questions ont, en même temps, fait un plaidoyer en ce sens.

En réponse aux questions des jeunes du GYLA, l’Ambassadrice qui s’est dit très impressionnée par les interventions de ces derniers et de leur volonté de faire avancer leurs pays respectifs, a souligné la difficulté de l’Ambassade d’être présente partout. Ce qui, admet-elle, peut créer des frustrations. En vue de cela, l’Ambassadrice a estimé qu’il faut travailler sur les approches de coopération avec plus d’inclusion, non sans rassurer que l’Ambassade des Pays-Bas ne laissera pas le Sahel et fera de son mieux pour continuer à être présente dans les différents pays. Elle a par ailleurs précisé que l’Ambassade s’applique dans la création de l’emploi et le soutien aux startups à travers des financements dans le domaine de l’agriculture et de l’eau.

Par rapport à la désinformation, elle reconnaît l’existence du phénomène, mais pense qu’il faut investir dans l’éducation et la formation, surtout celle des jeunes.

Sur les gouvernements de transition ou militaire au Sahel, la Chargée des Affaires régionales et du Sahel de l’Ambassade a relevé les difficultés avec les phases de transitions qui durent parfois longtemps. Son collègue politologue lui, pense qu’au-delà de tout, il est important de mettre en exergue la résilience des populations des pays du Sahel. Pour lui, le maître mot de la sortie de crise au Sahel reste l’unité. Car, ajoute-t-il, ce n’est pas en faisant cavalier seul que le Sahel va sortir de cette situation et il est primordial de trouver des voies et moyens et discuter en tant que voisins, Sahéliens et ouest africains.

Le Directeur exécutif du Gorée Institute, Doudou Dia qui a conduit la mission a dit toute sa fierté pour ce cadre d’échanges qui s’est fait de manière directe et ouverte. Pour lui, il faut nécessairement un travail collectif qui doit provenir d’abord des jeunes. Remerciant l’Ambassade d’avoir ouvert ses portes aux jeunes, M. Dia s’est réjoui du type de coopération très ouverte qui existe entre le Gorée Institute et l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas.