Hommage à Breyten Breytenbach, 80 ans : une vie dédiée à la lutte contre l’apartheid

Ce lundi 16 septembre, Breyten Breytenbach souffle ses 80 bougies. Occasion pour le Gorée Institute de rendre hommage à son ancien Directeur exécutif, mais surtout à un combattant de la liberté ayant payé le prix fort pour affranchir son pays, l’Afrique du Sud, du joug de l’apartheid. Flash back sur le parcours mémorable de celui que l’on surnomme « l’Africain blanc », des geôles de son Afrique du Sud natale à l’île de Gorée au Sénégal.

Né le 16 septembre 1939 à Bonnievale, province du Cap, Breyten Breytenbach est un poète, écrivain, dramaturge, peintre et aquarelliste sud africain d’origine et citoyen français, qui écrit tant dans sa langue maternelle (l’afrikans) qu’en anglais.

Dès le début des années 1960, encore étudiant, il se bat contre le régime d’apartheid avant de partir pour un séjour en France, où il rencontre Yolande Ngo, Française d’origine vietnamienne, qu’il épouse. Ce mariage, qui tombe sous le coup du Mixed Marriages Act et de l’Immortality Act prohibant, de 1949 à 1985, les mariages mixtes, l’interdit de séjour dans son pays natal. Il s’installe alors à Paris et lance un mouvement clandestin de résistance au régime d’apartheid, Okhela, qui devait organiser des réseaux de Blancs au service du Congrès National Africain (ANC) de Nelson Mandela. Breytenbach était aussi lié au réseau Curiel. Au même moment, Jan Breytenbach, son frère, fondateur du South African Special Forces Brigade, conduit, en Namibie, les opérations secrètes de l’armée sud-africaine.

Lors d’un séjour clandestin en Afrique du Sud, en 1975, durant lequel il essaie de recruter des membres pour Okhela, il est arrêté puis jugé. Il est condamné à neuf ans de prison. Breytenbach est finalement libéré en 1982, grâce au soutien du président François Mitterand, et retourne en France, adoptant la nationalité française.

Il put retourner en Afrique du Sud avec la chute du régime d’apartheid, en 1994. Depuis, il partage son temps entre les États-Unis, la France, le Sénégal où il dirigeait le Gorée Institute (ancien Directeur Exécutif et actuel membre du Conseil d’administration) , installé sur l’île de Gorée, et son pays natal, où il enseigne, publie et donne à voir des pièces de théâtre controversées sur la nation arc-en-ciel. Il a une fille journaliste, Daphnée Breytenbach.

D’abord poète appartenant, avec André Brink, au groupe des Sestigers, Breyten Breytenbach se signale rapidement par des fictions fantasmagoriques, comme Om Te Vlieg, dans lequel le personnage fantastique Panus joue un rôle primordial. Son séjour en prison donne naissance à des écrits de type autobiographique, comme The True Confessions of an Albino Terrorist (1983). Il commence aussi, à partir du début des années 1980, à écrire directement en anglais, ce qui ne l’empêche pas pour autant de poursuivre son activité poétique en afrikaans.

Breytenbach est surtout connu, dans son pays comme en Europe, pour ses activités de peintre. Il a présenté, depuis 1996, plusieurs expositions personnelles. Plusieurs de ses livres sont illustrés par ses soins, comme All One Horse (1987), qui fait alterner récits brefs et aquarelles.

Membre fondateur et ancien Directeur exécutif du Gorée Institute

Breyten Breytenbach fait partie des leaders exilés de l’ANC et combattants blancs afrikaners ayant initié la fameuse rencontre de Dakar de 1987 dont le but était de définir une stratégie de lutte efficace contre le régime de l’apartheid. Ce qui fait de lui un membre fondateur, puis Directeur exécutif et aujourd’hui membre du Conseil d’administration du Gorée Institute : Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique. Dans une interview accordée à Jeune Afrique au mois de septembre 2015, il parle de la mission de l’Institut panafricain basé à Gorée.

(… C’est le lieu d’un engagement concret à travers l’Institut Gorée – lequel remonte aux années 1980 et ne s’est jamais démenti depuis. C’est là qu’il y a un véritable frottement avec les problèmes du continent. Nous y abordons les questions d’intégration, de société civile, de citoyenneté, de nation, de langues, de frontières, de néocolonialisme… Mais aussi le problème du pillage orchestré par nos élites.

« Imaginer l’Afrique à travers les questions littéraires artistiques »

« On a un programme qui s’appelle Imaginer l’Afrique, qui vise à rassembler toutes les bonnes volontés pour faire vivre la diversité à travers la créativité, mais aussi tout ce que nous partageons : les espoirs, les valeurs, leur redéfinition, le panafricanisme, etc. L’imagination est fondamentale pour trouver ou retrouver des voies d’engagement profondes pour les sociétés qui nous concernent, dans cette recherche de ce que l’on pourrait appeler le modernisme africain ou la modernité africaine. »

 

avec Wikipedia