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La jeunesse ouest-africaine et le défi de la promotion d’une culture de la paix et du développement en Afrique : 2ème session de formation

Vingt jeunes leaders provenant de sept pays d’Afrique de l’Ouest : Sénégal, Guinée, Bénin, Togo, Mali, Burkina-Faso et Côte d’Ivoire ont été formé durant 3 jours (du 25 au 27 mars 2015) aux techniques de négociations et de résolution des conflits.

Au-delà des liens qui se sont créés entre les participants, notamment à travers le partage d’expériences, ils ont pu au cours de leurs travaux, faire un état des lieux des différents conflits qui sévissent en Afrique de l’Ouest en inventoriant les différents types de conflits avérées ou potentiels dans leur pays respectif et en se focalisant sur leurs causes objectives et plurielles. L’exercice a été complété par un regard croisé de chaque groupe pays sur un autre conflit de la sous-région.

Ce tableau intitulé « Type de conflits au Bénin » a été réalisé par le groupe du Bénin lors des travaux en salle :

Types de conflits

Causes

Observations

Contexte national

Conflits   agro-pastoraux dans le nord, le centre et le sud-est du Bénin

La recherche de   pâturage, les changements climatiques, l’incivisme, la destruction du bien   d’autrui.

La recherche de   pâturage pousse les éleveurs à engager leur troupeau dans les champs de   cultures (maïs, igname, manioc) qui sont quasi détruits. Il s’ensuit des   affrontements sanglants avec pertes en vies humaines et matérielles.

Conflits ethniques   entre communautés « Adja »[1] et   « Fon[2] »,   entre « Fon » et Idaasha »[3],   entre « Fon » et « Watchi »[4]

Les guerres   d’expansion du royaume d’Abomey, les expéditions en vue d’alimentation du   commerce des esclaves.

Le royaume   d’Abomey essentiellement dirigé par le groupe ethnique « Fon » a   livré des guerres de conquête de territoires contre pratiquement tous les   communautés voisines. Ces guerres sont souvent doublées de scènes de captures   de « bras valides » de ces contrées pour alimenter le commerce des   esclaves.

 

Ces causes   historiques et lointaines continuent de bousculer le vivre-ensemble des   communautés. concernées et se manifestent par   les oppositions et empêchements[5] au   mariage avec à la clé les menaces de bannissement ou d’exclusion des futurs   époux de leurs communautés. Sont également notés le défaut de confiance et la   méfiance dans les relations politiques et d’affaires.

Conflit religieux   entre adeptes des religions endogènes et fidèles d’églises évangéliques d’une   part et entre l’église catholique romaine et l’église de Banamè[6]   d’autre part

Calomnies,   humiliations, Transgression des règles canoniques, hérésie, remise en cause   et procès de l’autorité cléricale, le silence du clergé et l’ignorance de   certains fidèles.

Dans le premier   groupe de conflit, il est relevé récemment qu’au lendemain d’une édition de   la fête du 10 janvier[7],   les fidèles d’une église évangélique ont décidé de procéder à une messe de   salubrité spirituelle nationale pour nettoyer, disent-ils, le peuple béninois   du passage du satan[8].   Des rixes ont été enregistrées dans certaines localités sans laisser de   traces majeures. Toutefois le conflit dans ce cas est hibernation.

 

Dans le second cas   de conflit, le clergé catholique ne tolère par l’arrogance et les   dénonciations dont font preuve les leaders de l’église schismatique privée de   Banamè. Au départ, les fidèles de l’église catholique romaine ont cru en la   légitimité des actions d’exorcisme menées par le prêtre Vigan[9]   avec l’assistance de Parfaite[10].   Le conflit a réellement pris forme lorsque lors que le clergé a ordonné au prêtre   exorciste de cesser ses actions d’exorcisme aux côtés de   « Parfaite ». Mais le prêtre n’a pas cru devoir obtempérer. De   résistance en résistance, il fut excommunié. Il y eut radicalisation avec de   affrontements entre fidèles des deux camps. Le gouvernement est intervenu,   pas pour interdire « l’église nouvelle » mais seulement lui   interdire l’utilisation des accoutrements et autres signes de l’église   catholique romaine.

Regard du groupe béninois sur le conflit armé entre   Boko Haram et l’Etat fédéral du Nigeria

Conflit armé   doublé d’actes terroristes au nord-est et récemment dans les points   névralgiques du Nigéria (Abuja, Jos et autres) dans les régions frontalières   avec le Cameroun, le Tchad et le Niger.

Les espaces mal   gouvernés, les disparités sociales et culturelles, le refus ou le rejet de   l’éducation occidentale (c’est l’origine même du mot « Boko   Haram »), les répressions sanglantes et violations des droits de   l’homme, le déficit de préparation des forces de défense et de sécurité, le   manque d’information et d’éducation des populations confrontées aux attaques   de Boko Haram.

Le Bénin est   concerné par les agissements de Boko Haram pour plusieurs raisons. D’abord le   Bénin partage plus de 700 km de frontières avec plus de 400 points d’entrée   insuffisamment protégées.

 

Aussi, au plan   diplomatique, le Bénin a-t-il pris des positions dures contre le mouvement   terroriste (le Bénin a assumé la présidence de l’Union Africaine. Les forces   de police béninois ont intercepté des tenues militaires qui devraient   transiter par le port de Cotonou et convoyer vers le nord du Nigeria   certainement destinées aux combattants de Boko Haram.

 

Enfin, le   président du Bénin a pris part à une série de rencontres destinées mettre   hors d’état de nuire la secte islamiste nigériane Boko Haram. Dans la même   logique, les forces de sécurité et de défense du Bénin se mobilisent pour   faire partie de la mission militaire régionale ou internationale en   préparation pour une action finale contre Boko Haram. Ce sont là autant   d’ingrédients qui place le Bénin sur la ligne de mire d’une probable attaque   par Boko Haram.

 

 

 

Ayant exposé les résultats de leurs travaux à l’assistance, les bénéficiaires de la formations ont pu mettre en exergue les bonnes pratiques africaines en matière de médiation, de négociation et de résolution des conflits et ont été formé aux techniques de communication qui engagent sur le chemin de la prévention des conflits et de leur résolution.

 



[1] Groupe ethnique établi au sud-ouest du Bénin

[2] Groupe ethnique établi majoritairement au centre du Bénin, mais ses éléments sont identifiables partout sur l’étendue du territoire national.

[3] Groupe ethnique établi dans la partie nord du centre Bénin.

[4] Groupe ethnique établi au sud-ouest du Bénin.

[5] Les cas d’empêchements et d’oppositions au mariage varient d’une région ou d’une famille à une autre.

[6] Banamè est une localité du centre est du Bénin (commune de Zagnanado).

[7] Le 10 janvier de chaque année est consacrée la célébration des religions traditionnelles ou du vodoun.

[8] Le vodoun serait selon eux le satan, le diable.

[9] Celui-ci fut un prêtre exorciste de l’église catholique romaine. Actuellement, il est créé pape Christophe XXIII par la Déesse dénommée « Daagbo ».

[10] Celle-ci est la déesse, celle qui aurait créé toute l’humanité et qui serait revenue sur terre pour mettre de l’ordre dans son église en proie à de la corruption et à des affaires opaques.