Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Nous, délégations de diverses Organisations de la Société Civile (OSC) ouest africaine, réunies du 20 au 22 juin 2022, dans le cadre d’un atelier régional de renforcement de capacités sur Femmes, Leadership politique et Prévention des conflits au Sahel, tenu sur l’île de Gorée, à l’initiative du Gorée Institute (Sénégal) ;
Déterminées aux côtés du Gorée Institute en tant que parties prenantes dans le cadre du programme « Power of Dialogue » ;
Nous félicitant de l’alignement des objectifs de cet atelier avec les politiques sous régionales prévues dans le « Cadre de Prévention des Conflits de la CEDEAO » en vue de la promotion de la stabilité institutionnelle et de la sécurité humaine ;
Reconnaissant le rôle fondamental que doivent jouer les organisations intergouvernementales africaines (UA) et ouest africaines (CEDEAO ; UEMOA), le gouvernement, les acteurs politiques et la société civile pour la promotion de la Paix et de la Stabilité en Afrique de l’Ouest ;
Notant la sanction qui a été infligée au Mali par les institutions sous régionales, régionales et internationales depuis le 9 janvier 2022 à la suite du coup d’Etat survenu en septembre 2020 ;
Déplorant les conséquences non moins dévastatrices de ces sanctions qui affectent de manière considérable l’ensemble des populations du pays notamment la fermeture des frontières ainsi que le gel des avoirs du gouvernement malien accentuant ainsi les effets néfastes de la crise post-Covid;
Remarquant avec beaucoup de regret l’affaiblissement de l’État malien en raison de ces sanctions et de leur impact sur les droits de son peuple et particulièrement sur les femmes, les enfants, les personnes du troisième âge et autres groupes vulnérables ;
Attirant l’attention de tout acteur sur la recrudescence de l’insécurité dans la sous-région depuis la fermeture des frontières de ce pays ;
Rappelant l’aspect historique de ces sanctions ainsi que l’interdépendance sociale, sécuritaire et économique entre tous les pays de la CEDEAO et particulièrement les 5 avec lesquels le Mali partage ses frontières dans cet espace de même que l’effet tout aussi déplorable de ces sanctions sur ces pays voisins ;
Conscientes de l’existence du traité sur la bonne gouvernance et prenant en compte la nécessité de sa non violation ;
Soucieuses de la préoccupation du peuple malien de faire entendre sa voix ainsi que son besoin de ressentir l’humanisme des uns et des autres ;
Formulons les recommandations suivantes :
A Son Excellence M. Macky Sall, Président en exercice de l’UA :
De se positionner pour échanger avec le Président de la Commission de la CEDEAO afin que les sanctions prises contre le Mali soient revues en prenant en compte les besoins de l’ensemble de la population malienne, notamment ceux des plus vulnérables ;
Au président de la Commission de la CEDEAO
D’être regardant par rapport aux conséquences de ces sanctions sur la région et de reconsidérer sa position en prenant en compte le respect des droits humains de la population malienne, notamment ceux des femmes, des jeunes, des enfants et des personnes vulnérables ;
Au président de la Commission de l’UEMOA
D’être sensible à l’asphyxie financière dont est victime le peuple malien qui, de plus en plus, fait face à la rareté économique ;
Aux organisations de la société civile :
De continuer à soutenir le peuple malien en portant sa voix auprès de ses dirigeants pour la levée de ces sanctions.
Dakar, le 29 juin 2022