Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Au Ghana, c’est la Constitution qui garantit la liberté de la presse et la liberté d’information. En effet, même si certaines lois peuvent être invoquées pour restreindre les activités des médias et celles des journalistes, force est de reconnaître que le pluralisme et l’indépendance de la presse sont garantis et le rapport 2017 de Freedom House sur la liberté de la presse le confirme.
Promotion des droits humains
La presse ghanéenne a contribué à créer un consensus social sur la nécessité de répondre aux injustices faites à certaines personnes. De temps à autres, les animateurs des programmes réguliers ont sollicité et obtenu l’assistance nécessaire pour une cause ou une autre pour l’amélioration de la société. L’affirmation est faite par le Professeur Kwame Karikari, Directeur exécutif de la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest et Madame Gina Blay, Présidente du Private Newspaper Publishers Association of Ghana (PRINGPAG).
Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, considéré comme un modèle de démocratie pour le continent, il ne se passe aucun jour sans que les médias ne soulignent la situation déplorable des indigents au sein de la société afin qu’ils reçoivent des traitements à leurs maux, allant de la malnutrition au cancer, ou pour leur permettre de sortir de la pauvreté la plus abjecte et des conditions déshumanisantes des bidonvilles, et de la situation des sans domicile fixe. Par ailleurs, sur divers médias ghanéens, de nombreux programmes cherchent à intervenir de manière positive dans la vie des citoyens en se focalisant sur leur droit à la dignité et à la justice. En janvier 2013, l’émission « Hotline » de Joy FM a diffusé un documentaire sur la manière dont les bébés déformés étaient soit tués, soit jetés, en raison de la stigmatisation dont ils sont l’objet dans la société ghanéenne. En effet, bien que la chirurgie puisse corriger certaines déformations, l’argent reste un problème, ce qui amène certains parents à verser dans l’infanticide, pour éviter la stigmatisation. Grace à cette radio, une femme qui a accouché de bébés siamois, après avoir raconté cette histoire dans le documentaire, a réussi à lever presque 33 000 Cédis (plus de 16 000 dollars) pour permettre l’acte chirurgical. Les bébés siamois n’ont cependant pas survécu. A l’instar de Joy FM, bien d’autres radios sont engagées afin d’aider à résoudre des problèmes de société comme les accidents, la pédophilie, les atteintes sexuelles, l’absence d’hygiène des abattoirs, etc.
Instruments de contrôle de la bonne gouvernance
La bonne gouvernance, les droits de l’homme, l’équité et la justice sont encore des concepts dominants dans le discours national ghanéen ; et les médias ont traité de situations et/ou initié de nombreux programmes sur ces sujets pour le bénéfice de la population entière. L’environnement des médias, propice à la liberté au Ghana, leur a permis de dénoncer la corruption et les autres abus commis par des individus, des groupes, le gouvernement ou d’autres responsables politiques. Ils ont, au fil des années, tout particulièrement depuis le retour à un régime constitutionnel au cours des deux dernières décennies, rapporté des cas de corruption à travers des reportages et des investigations décisives et ont établi dans de nombreux cas, la responsabilité de l’autorité. Sous les différents gouvernements de la Quatrième République, les médias ont permis aux Ghanéens de s’informer sur divers actes de corruption.
Les médias au service de la justice
Dans leur rôle de sentinelle, la vigilance des médias ghanéens n’épargne pas les décisions de justice. Si en 2013, la contestation de l’élection du Président John Mahama avait fini devant la Cour suprême, c’est en partie grâce aux médias qui se sont saisi de cette affaire qui a occupé les unes des journaux, les prime times des radios et des télévisions et au centre de la plupart des programmes pendant près de huit mois. Devant la cour, l’affaire a fini par porter sur la liberté d’expression, telle que définie par le Chapitre 12 de la Constitution du Ghana et sur la protection des droits des journalistes.
Médias en situation de guerre
Si plusieurs études pointent le rôle des médias dans l’aggravation de la situation en cas de conflits, notamment en contribuant à transformer certaines crises en conflits violents, il n’en demeure pas moins que dans de nombreux cas, les médias ghanéens ont également défendu la coexistence pacifique. Dans une étude conduite par Asare (2009), les personnes interrogées pensaient que les médias avaient fait d’énormes progrès pour contribuer à la paix au Ghana. « Dans de nombreux cas, j’ai lu des articles dans les journaux, vu des documentaires à la télé ainsi qu’entendu des programmes de radio qui éduquaient considérablement et nous incitaient tous à une coexistence pacifique », indiquait ainsi une personne interrogée dans cette étude.
Source: contribution du Dr. Margaret Ivy Amoakohene dans l’ouvrage « Evaluation de la participation des médias dans les pratiques relatives à la consolidation de la paix, la prévention des conflits et les droits de l’homme en Afrique« , Gorée Institute, 2015