Les rideaux sont tombés sur le Forum annuel régional de la jeunesse de Bamako

La 5e édition du Forum régional annuel de la jeunesse organisée par le Gorée Institute en partenariat avec l’Ecole de Maintien de la Paix, Alioune Blondin Bèye de Bamako a pris fin ce mercredi, après 48 heures d’intenses travaux de partage et d’échanges sur le rôle et l’engagement des jeunes dans la gouvernance, la citoyenneté et la paix au Sahel. Des travaux ayant exploré les pistes par lesquelles la jeunesse sahélienne doit passer pour aller au-delà de la contestation. Organisé sous le parrainage du ministre malien de la Jeunesse et des Sports, Chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, cet évènement annuel devenu une culture institutionnelle pour l’Institut panafricain a enregistré la présence de près de 200 jeunes venus des pays du Sahel, d’éminents experts et de diverses personnalités dont le ministre parrain, le Directeur général de l’EMP, l’ambassadrice des Pays-Bas au Mali, la Représentante de la Mission de l’Union Africaine pour le Mali et Sahel (MISAHEL), des responsables de Think Peace Sahel et d’autres institutions régionales et internationales.  Le rôle et l’engagement des jeunes dans la gouvernance, la citoyenneté et la paix au Sahel étant la thématique principale de l’édition 2024, les jeunes venus de divers pays du Sahel ont eu l’honneur d’échanger leurs points de vue avec d’illustres experts des questions ayant trait à la jeunesse et à la situation particulière au Sahel. Des échanges de vue qui sont surtout allés dans le sens de prospecter les voies et moyens qui pourraient permettre aux jeunes de l’Afrique et de la région sahélienne en particulier d’aller au-delà de la posture contestataire.

Une cérémonie d’ouverture empreinte d’exhortation à la responsabilité des jeunes

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La jeunesse, couche démographiquement dominante en Afrique et au Sahel, préoccupe consciencieusement les autorités présentes à la cérémonie d’ouverture du Forum de Bamako. En effet, considérant la jeunesse africaine comme le présent et l’avenir de ce continent qui a tant souffert sous le joug de la colonisation, de la traite, de l’exploitation humaine et minière, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne a fait savoir aux jeunes présents au Forum que L’Afrique et le Sahel comptent énormément sur eux. Dans cette intention, Abdoul Kassim Ibrahim FOMBA se réjouit que le thème du Forum, à savoir « Rôle et Engagement des Jeunes dans la gouvernance, la citoyenneté et la paix au Sahel : aller au-delà de la contestation », résume à suffisance l’état d’engagement de la jeunesse africaine à aspirer à un avenir radieux et à apporter pleinement sa contribution à l’édification de nos pays respectifs.  « Jeunes du Sahel, vous devez cesser les contestations et les revendications stériles et répondre présents au rendez-vous du millénaire en acceptant le sacrifice d’être volontaires, engagés aux avant-postes du combat pour la paix et le développement », a lancé le parrain de cet évènement régional à l’endroit de la jeunesse du Sahel.

Pour sa part, le Directeur de l’EMP Bamako, partenaire du Gorée Institute pour l’occasion, est convaincu que les jeunes du Sahel sauront relever les défis. Et même si la prévention des conflits requiert une compréhension fine des dynamiques locales, des tensions sous-jacentes et des besoins non satisfaits, le Colonel Souleymane SANGARE ne doute pas que « les organisations de jeunes, par leur ancrage local, ont cette capacité unique de percevoir, bien en amont, les signes précurseurs de conflits et d’y apporter des réponses adaptées ».

Exprimant le même sentiment de sécurité envers la jeunesse, le Directeur exécutif du Gorée Institute a souligné l’impérieuse nécessité de la part des gouvernants de faire confiance aux jeunes. « Nous avons en Afrique, particulièrement au Sahel, une jeunesse résiliente, crédible, compétente, digne de confiance et dynamique. Nous avons une jeunesse qui aspire à tenir le rôle de coproduction et de co-supervision des politiques publiques », a dit Doudou DIA à l’endroit des jeunes manifestement adoubés par les propos du Directeur exécutif de l’Institut Gorée.

Rôle et responsabilité des jeunes dans la prévention de l’extrémisme et des crises

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Après la cérémonie d’ouverte marquée par des invites à l’engagement et à la responsabilité des jeunes, place à la présentation des panels pour diagnostiquer en profondeur les différents obstacles sur lesquels butent les jeunes dans leur rôle et engagement dans la gouvernance, la citoyenneté et la paix au Sahel. Mais surtout ausculter les sillons menant vers une autre posture au-delà de celle contestataire. Les travaux qui se sont penchés sur les défis à relever pour une meilleure implication des jeunes dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent, mais aussi les crises politiques et institutionnelles, ont décelé des problématiques liées au fait que la plupart de ceux qui sont engagés dans les groupes terroristes sont des jeunes. Et que ces derniers sont en quête d’une appartenance à quelque chose de réel. Il a été aussi remarqué qu’en général, en période de crise, les jeunes sont souvent les premières victimes, mais les structures politiques qui les reçoivent les perçoivent comme des menaces.  Les panélistes, tout comme les intervenants, ont été unanimes sur le fait qu’il sera difficile d’aboutir à une transition apaisée si les jeunes et les femmes ne sont pas associés au niveau des instances de décision. Tout de même, force est de reconnaître que les jeunes parviennent à répondre aux défs politiques, sociaux et économiques à travers des projets communautaires, d’entreprenariat, etc. Des initiatives toutefois perçues comme une absence d’initiatives étatiques.

Les différentes interventions sur les rôles et responsabilités des jeunes dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent au Sahel ont débouché sur une kyrielle de recommandations d’actions prioritaires à engager, notamment la complexité et la connexion entre les phénomènes subversifs qui sous-tendent l’extrémisme violent et les conflits locaux, la nécessité de prévenir et de lutter contre le phénomène sans grossir le rang de l’ennemi et le refus d’être instrumentalisé et utilisé pour des fins non avouées, entre autres.

Un leadership transformationnel de la jeunesse pour contribuer à la reconstruction

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Relativement au leadership et à l’engagement civique et politique des jeunes comme moyen de contribution à la reconstruction de nos États, les jeunes présents au Forum ont pu échanger sur la question avec d’éminents experts, non sans faire part de leur perception du leadership et de l’engagement. À cet effet, il leur a été demandé le type de leadership qu’ils devraient proposer pour apporter le changement et contribuer à la reconstruction des États. Par ailleurs, des conseils leur ont été prodigués dans le sens d’adopter le leadership transformationnel pour être en mesure d’estimer les enjeux nécessaires et de comprendre les enjeux en termes de crise et de leadership. Néanmoins, les obstacles à l’affirmation du leadership des jeunes ne manquent pas car le triste constat est que souvent, après s’être battue pour des combats nobles, la jeunesse est reléguée au second plan. Une situation qui serait due à la posture attentiste de la jeunesse. Aussi, les débats ont mis le curseur sur le fossé très profond qui existe entre la jeunesse et ses gouvernants, les Etats et les institutions, source de la crise de confiance et de la rupture. Les échanges ont permis également de relever les complexités de l’engagement civique qui ne consiste pas seulement à militer, mais à identifier les problèmes et à trouver des solutions impactantes pour les communautés. Toujours dans leur engagement et militantisme, les jeunes ont été invités à être au premier plan pour contribuer au changement institutionnel et à l’éveil des consciences. Le tout avec une bonne attitude, de l’humilité, du sens du respect des engagements, du sérieux, de la compétence et de l’exemplarité. Les jeunes doivent ainsi faire valoir leur capacité à amener les gouvernants à respecter leurs engagements à travers les cadres qu’ils mettent en place. Ils doivent, en outre, faire connaitre les préoccupations de la jeunesse aux gouvernants car étant les mieux placés pour savoir le vécu de leurs pairs jeunes. Car, il ne faut pas s’attendre à ce que les gouvernants donnent facilement de la place aux jeunes. C’est plutôt à ces derniers de se battre pour cela.

Mais pour contribuer efficacement à la reconstruction de nos Etats de demain, il est indispensable pour la jeunesse d’avoir une vision claire sans laquelle, ils ne seront pas capables d’évoluer et resteront d’éternels suiveurs. Ils doivent ainsi travailler à être davantage dans l’action et avoir la capacité d’exprimer clairement leur vision et de pouvoir la communiquer en utilisant tous les canaux de communication qui sont à leur disposition dans une époque marquée par l’expansion de l’Internet.

Internet comme outil d’innovation de la jeunesse pour insuffler le changement

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Justement, à propos d’Internet, il est aujourd’hui impossible d’aborder l’engagement de la jeunesse sans se pencher sur l’outil le plus usité par les jeunes pour leur apprentissage, leur socialisation et leur expression. Internet est donc conçu comme l’espace de contestation ou de construction d’idées innovantes pour un meilleur changement. C’est aussi un instrument qui a contribué à faire tomber des régimes et à porter des luttes décisives pour la sauvegarde de la démocratie, de la bonne gouvernance et pour le respect des droits humains. Avec les innombrables fonctionnalités de l’Intelligence Artificielle (IA), les jeunes sont invités à renforcer davantage leurs compétences avec la menace de disparition de beaucoup de métiers. Toutefois, même siInternet est un espace qui donne aux jeunes des droits, la liberté et des opportunités infinies, il est important pour la jeunesse d’être consciente qu’il requiert une éthique pour faire valoir cette liberté. L’outil n’étant certes pas gratuit, il a été rappelé quece n’est pas l’accessibilité à Internet qui coûte cher, mais plutôt le fait de ne pas l’avoir.

Faire place aux jeunes femmes dans les processus politiques et les processus de paix au Sahel

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Le Forum de Bamako n’a pas seulement posé la problématique de la représentativité des jeunes en général. Il a aussi soulevé celle de la représentativité des jeunes femmes en particulier, qui se trouvent être les moins représentées dans les postes à responsabilité. Le focus a ainsi été fait sur les différentes stratégies permettant de mieux positionner les jeunes femmes comme partenaires stratégiques dans les processus politiques et les processus de paix au Sahel. Le triste constat est que dans nos sociétés respectives, il y a une « invisibilisation » totale des femmes qui méritent aussi, de l’avis des experts, de faire des études poussées et d’embrasser des connaissances endogènes. À côté de cette iniquité, il y a aussi un besoin réel de transmission générationnelle pour faciliter l’engagement et le militantisme aux jeunes femmes qui gagneraient à s’éduquer et à s’engager davantage.

Sur cette situation préoccupante des jeunes femmes du Sahel, les positions sont unanimes sur la nécessité de travailler avec les leaders religieux et traditionnels pour le changement des mentalités afin de mieux les positionner comme partenaires stratégiques dans les processus politiques et les processus de paix au Sahel.

Partage d’expériences entre jeunes : les inspirants mentees du GYLA

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Même s’il implique des experts et des décideurs publics, le Forum de la jeunesse est avant tout un espace qui offre aux jeunes un cadre de dialogue, de réflexion, d’apprentissage, d’échange d’expériences, de bonnes pratiques afin de proposer de nouvelles perspectives et d’améliorer leur participation à la citoyenneté et aux processus de paix en Afrique et au Sahel. Le Forum de la jeunesse est surtout un cadre d’échanges et de partage d’expériences entre les jeunes eux-mêmes pour leur permettre de s’inspirer les uns des autres. C’est à cet effet que les bénéficiaires du renommé programme Gorée Institute Youth Leadership Academy (GYLA), qui s’est d’ailleurs clôturé 24 heures avant la tenue du Forum, ont exposé devant leurs pairs jeunes les diverses connaissances et expériences que leur a offertes ce programme dans leurs parcours professionnels, personnels et associatifs. Un moment coloré de sentiment de gratitude envers l’Institut Gorée, mais aussi de récits inspirants ayant suscité chez les autres jeunes l’envie de compter parmi les futurs bénéficiaires de l’Académie de leadership et de jeunesse du Gorée Institute. Après le passage des alumni du GYLA, la 5e édition du Forum annuel de la jeunesse de Bamako a officiellement baissé ses rideaux avec une cérémonie de clôture qui, comme l’ouverture, s’est distinguée par la présence d’illustres personnalités étatiques et non étatiques.

Pour rappel, le GYLA et le Forum annuel de la jeunesse sont partie intégrante du programme Power Of Dialogue (POD) centré sur le renforcement des capacités des femmes et des jeunes leaders dans l’optique d’influencer efficacement et de participer à des processus politiques et aux processus de paix et de sécurité au Sahel.

Importante couverture médiatique du Forum…

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Qui dit évènement exceptionnel dit couverture exceptionnelle. Bamako 2024 a eu un succès médiatique éclatant avec une présence massive de la presse malienne en particulier (près de 40 médias) et un important relai des informations, donnant ainsi au Forum un cachet particulier et une place singulière dans l’actualité africaine. Ci-dessous quelques liens de médias sur le Forum.

Cinquième édition du Forum régional des jeunes : Un élan pour la paix et la gouvernance au Sahel. – WESTAF-MEDIAS

Mali : Le forum de Gorée Institute prône la gouvernance et la paix – YouTube

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