Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
MISSION D’ASSISTANCE ELECTORALE DE L’INSTITUT GOREE AUPRES DE LA SOCIETE CIVILE TOGOLAISE POUR L’OBSERVATION DES ELECTIONS LEGISLATIVES DU 25 JUILLET 2013 AU TOGO
Gorée Institute – Plateforme Synergie Citoyenne pour des Elections Démocratiques – Fondation Hanns Seidel
I/ INTRODUCTION
a) Présentation de la Mission d’observation électorale du Programme d’Assistance Electorale de l’Institut Gorée
1. La Mission d’Assistance Electorale de l’Institut Gorée auprès de la société civile togolaise, en partenariat avec la Plateforme SYCED (Synergie citoyenne pour des élections démocratiques au Togo) et la Fondation Hanns Seidel, a décidé de mettre sur pied une Mission d’observation électorale du scrutin législatif du 25 juillet 2013 au Togo.
2. La Mission d’observation électorale de la Mission d’Assistance électorale de l’Institut Gorée auprès de la société civile togolaise vise principalement à :
– Harmoniser et pérenniser les stratégies d’observation de la société civile togolaise dans le processus électoral ;
– Renforcer la crédibilité de la Plateforme de la société civile togolaise experte en matière électorale
– Evaluer la conformité des élections législatives avec les standards et normes internationaux pour la démocratie
– Assurer le déploiement d’observateurs internationaux, d’observateurs nationaux, de moniteurs de la violence, de moniteurs des médias et d’observateurs à long terme
– Assurer le déploiement de m observateurs nationaux sur l’ensemble du territoire en ce qui concerne le suivi des opérations de vote, du dépouillement et de la transmission des données électorales tout au long du scrutin
– Faciliter la remontée rapide d’informations crédibles, vérifiées afin de prévenir les autorités compétentes pour corriger les dysfonctionnements en temps réel.
3. La Mission d’observation électorale, qui a installé son quartier général à l’hôtel Sarakawa, du 22 au 27 juillet 2013, est coordonnée par le Directeur exécutif de l’Institut Gorée, M. Doudou Dia.
4. Les missions déployées dans ce cadre sont dirigées, pour :
– La Mission d’observation internationale, par Son Excellence l’Ambassadeur Saïdou Nourou BA, Membre du Conseil d’administration de l’Institut Gorée, Expert Consultant ;
– La Mission d’observation nationale, par Son Excellence M. Tchacondoh Ouro Bossi, membre de la Coordination de la Plateforme SYCED.
5. La Mission est organisée autour de quatre composantes :
v Une salle de veille « Situation Room » dirigée par le Professeur Babacar Gueye, Président du Réseau des observateurs citoyens (RESOCIT). L’objectif de cette salle de veille est d’arriver à corriger rapidement les dysfonctionnements constatés, en saisissant les autorités et acteurs compétents;
v Un plateau de coordination de l’observation électorale;
v Un plateau de remontée des informations par téléphone et;
v Un plateau technique de remontée des données par SMS et par téléphone.
6. Grâce à l’appui financier de l’Union européenne, la Mission a pu mener des activités importantes telles que la facilitation du dialogue politique, la médiation, la remontée des données, l’opérationnalisation d’une salle de veille « Situation Room », le monitoring des média et le monitoring de la violence électorale, l’observation à long terme, l’observation le jour du scrutin et la m observation.
7. La Mission a bénéficié de l’appui financier l’Union Européenne.
b) Dispositif déployé par la Mission d’observation électorale de la société civile pour l’observation des élections législatives du 25 juillet 2013 au Togo
8. Le dispositif déployé dans le cadre de l’observation des élections législatives au Togo s’établit comme suit
– 25 moniteurs du recensement biométrique
– 25 moniteurs des médias
– 25 observateurs à long terme
– 60 moniteurs de la violence électorale
– 600 observateurs court terme
– 200 m observateurs qui remontent en temps réel, par sms toutes les données du scrutin visibles sur www.togovote.net
– 25 observateurs internationaux.
Ainsi la plateforme a mobilisé 960 observateurs (nationaux et internationaux), moniteurs et superviseurs.
9. Dès son arrivée, la Mission d’observation internationale du Gorée Institute a rencontré :
– La Mission d’observation internationale de la CEDEAO dirigée par Son Excellence M. Léopold Ouédraogo, ancien ministre, membre du Conseil des Sages de la CEDEAO
– La Mission d’observation internationale de l’Union Africaine dirigée par Monsieur le Premier ministre Kabiné Komara
– La Mission de contact et d’information de l’Organisation internationale de la Francophonie avec à sa tête Madame le Professeur Henriette Dagri Diabaté, Grande Chancelière de la République de Côté d’Ivoire
– Son Excellence M. Arthème Ahoomey Zunu, Premier ministre de la République du Togo
– Son Excellence M. Robert Whitehead, Ambassadeur des Etats Unis d’Amérique au Togo
– Son Excellence M. Joseph Weiss, Ambassadeur de la République Fédérale Allemande au Togo
– Son Excellence M. Nicolas Warnery, Ambassadeur de France au Togo
– Le groupe des Ambassadeurs africains accrédités au Togo dirigé par Son Excellence M. Matthew Sunday Adoli, Ambassadeur de la République Fédérale du Nigéria au Togo. Avaient pris part à cette rencontre les Ambassadeurs et Consuls des Etats suivants : la Centrafrique, la Gambie, le Ghana, la République de Guinée, l’Egypte, la Libye, le Niger, le Nigéria et le Sénégal.
II/ CONCLUSIONS PRELIMINAIRES
a) DES MOTIFS DE SATISFACTION
10. Sur la base de l’observation faite tout au long de la période pré électorale, la Mission se réjouit de:
Durant la phase du recensement biométrique :
– De l’intérêt manifesté par la population à l’endroit du processus à travers une forte mobilisation paisible, lors du recensement biométrique
Durant les phases pré campagne et campagne électorale
– L’apaisement de l’atmosphère électorale marqué par l’ouverture des différents acteurs politiques ayant permis d’aboutir à un consensus minimal ;
– La désignation de représentants de l’opposition extra parlementaire dans les CELI et dans les bureaux de vote.
– La prestation de serment devant la Cour constitutionnelle des représentants de l’opposition extra parlementaire pour occuper leurs sièges jusque là laissés vacants au niveau de la Commission électorale nationale indépendante.
– Les bonnes dispositions et l’esprit positif manifestés par toute la classe politique pour un bon déroulement du scrutin ;
– Les bons offices du corps diplomatique accrédité au Togo et de Monseigneur Nicodème BARRIGAH pour créer les conditions d’un scrutin apaisé.
– La campagne électorale qui a été bouclée dans un contexte apaisé, malgré les quelques incidents de violence mineurs notés.
Le jour du scrutin
– La rapidité dans le traitement des électeurs
– Les mesures prises pour la bonne prise en charge des personnes âgées et des handicapés
– La bonne sécurisation du matériel électoral
– Le comportement républicain et professionnel de la FOSEL
– Le comportement citoyen des électeurs
– L’attitude responsable des forces politiques en lice, ayant beaucoup concouru à la sérénité et au calme durant les opérations de vote.
– La consultation permanente de l’ensemble des Missions d’observation internationale et acteurs clef de la vie socio-politique togolaise avec toutes les parties prenantes pour la pacification de l’espace politique pendant et après le scrutin.
b) LES DYSFONCTIONNEMENTS CONSTATES
11. Sur la base de l’observation effectuée depuis le début du processus électoral, la Mission d’observation de la société civile des organisations a relevé un certain nombre de dysfonctionnements :
Avant le scrutin
– Un rapport couvrant la période du 15 mars au 30 avril 2013 a permis de constater que la phase du recensement biométrique a connu des dysfonctionnements liés à une insuffisance de l’offre infrastructurelle et logistique. De même, il a été noté des retards dans le démarrage de certaines zones, un difficile accès dans certains Centres de recensement de votes.
– Un rapport sur le monitoring des média a permis de constater un déséquilibre dans la couverture par les médias publics des acteurs potentiellement en lice dans le cadre du processus électoral. Par ailleurs, les professionnels de l’information ont une tendance à prendre parti dans les débats politiques, ceci a été notés grâce à l’appréciation d’une mesure qualitative ayant trait à l’activité de monitoring des médias : le Ton. Ainsi, sur 100 éléments monitorés, 43 ont un ton positif ou négatif. Rappelons que dans l’idéal, le Ton doit être neutre.
– Le rapport partiel sur le monitoring de la violence électorale renseigne sur des incidents mineurs hormis ceux de Bodjé entre militants du CST et ceux de l’UNIR;
– La délivrance quelque peu tardive des accréditations des observateurs nationaux par la CENI
– La sensibilisation à l’endroit des électeurs qui n’a pas été fortement ressentie durant la phase du recensement biométrique.
Le pendant le vote
– L’ouverture tardive de certains bureaux de vote : d’après les remontées effectuées par nos M observateurs, environ 29% des bureaux de vote n’ont pas ouvert à l’heure
– La mise en place tardive du matériel électoral dans certains bureaux de vote
– L’insuffisance de documents électoraux dans certains bureaux de vote (bulletins de vote, lampes, cachets, affiches de la liste des candidats, listes d’émargement, enveloppes, PV de dépouillement)
– Le manque de formation des agents des bureaux de vote sur les procédures de conduite des opérations de vote (formation opérationnelle manquante)
– Le manque d’éducation civique électorale
– Le manque d’expérience de certains présidents de BV qui étaient très jeunes
– L’absence de représentants de l’administration dans plusieurs bureaux de vote
– L’omission d’électeurs sur les listes
– Certains électeurs ont eu des problèmes pour retrouver leurs BV
– Le taux élevé de bulletins nuls (d’après nos remontées 6,7% environ avec une marge d’erreur de 2,1%) dû, dans une large mesure, à la qualité de l’encre et à la non maitrise des procédures de vote
III/ RECOMMANDATIONS
12. Face aux dysfonctionnements constatés, la Mission d’observation de la société civile, dans une dynamique d’amélioration continue du système électoral togolais, formule les recommandations suivantes :
A l’Etat :
– La prise en compte objective des propositions des partis politiques pour améliorer et décrisper le climat politique ;
– La mise en place d’un Comité de veille technique (composé des partis politiques, de la société civile, de l’Etat et des partenaires techniques) pour la mise en œuvre des recommandations issues des différentes Missions d’observation internationales, des partis politiques, des organisations de la société civile, etc.
– La mise en place d’une CENI composée de membres choisis en fonction de leur neutralité et de leur compétence et non plus de leur appartenance politique
– L’initiation rapide d’un dialogue pour examiner les modalités d’application de l’Accord politique global (APG)
– L’institution d’un statut de l’opposition pour institutionnaliser le dialogue politique et apaiser les relations entre le pouvoir et l’opposition
– Le respect du calendrier électoral, gage de stabilité et de restauration de la confiance entre les acteurs du processus
– Rendre plus effectif l’accès du Citoyen à l’information
– La création d’une structure nationale d’éducation à la citoyenneté
– Une revue du code électoral en vue d’accorder une place plus important aux femmes.
A la CENI :
– D’exercer effectivement tous les pouvoirs que la loi lui confère en matière de lutte contre les pratiques de fraude et de corruption électorale ;
– De traiter à temps la question des accréditations des observateurs nationaux
– D’informer à temps les électeurs des éventuelles évolutions de la carte électorale
– De rendre les dispositions idoines pour la prorogation du scrutin à temps ceci afin d’éviter le flottement dans certains bureaux
– D’inscrire le numéro du bureau de vote sur la carte d’électeur pour faciliter l’orientation des électeurs
– D’assurer une meilleure formation des agents des bureaux de vote sur les procédures de vote
– De redéfinir et harmoniser les critères de choix (profil) des agents recenseurs et les membres des bureaux de vote
A la HAAC :
– De poursuivre ses activités de contrôle et régulation de l’audiovisuel que lui confère la loi en exerçant s’il y a lieu ses pouvoirs de sanction, tout en privilégiant un esprit d’ouverture et de concertation permanente avec les professionnels des médias
– D’assurer une formation pointue des membres de la HAAC en monitoring des médias pour une meilleure professionnalisation afin de motiver et de documenter objectivement les décisions émanant d’elle
Aux partis politiques :
– D’initier des programmes d’éducation et de formation pour leurs militants.
– De participer à la sensibilisation et la mobilisation de leurs militants concernant les inscriptions et le retrait des cartes d’électeurs ;
– De promouvoir une Charte de la non violence ;
– De bannir la corruption politique et la violence électorale ;
– De s’inscrire dans une dynamique de dialogue permanent entre partis politiques et l’Etat ;
– De créer des synergies entre Mouvements de jeunes des partis politiques dans une perspective de collaboration constructive pour la consolidation de la démocratie togolaise.
A la presse :
– De continuer son rôle citoyen d’informer juste et vrai;
– De continuer à s’impliquer positivement dans le bon déroulement du processus électoral
– De toujours faire prévaloir l’éthique et la déontologie comme ligne directrice dans le traitement de l’information
– De renforcer les capacités des professionnels des médias en période électorale
A la société civile Togolaise:
– De continuer à renforcer son combat de veille et d’alerte pour la consolidation des acquis démocratiques;
– De continuer à être équidistante des partis et coalitions de partis politiques même lorsqu’elle s’implique dans la vie politique nationale
– D’initier des programmes d’éducation civique et électorale et d’information des électeurs.
A toutes les parties prenantes de réfléchir à l’instauration d’un climat de confiance, préalable à un dialogue politique constructif et durable.
13. La Mission d’observation remercie l’ensemble des acteurs du processus électoral et les encourage à poursuivre la consolidation du processus électoral par le respect de la volonté populaire.
14. La Mission remercie particulièrement l’Union européenne qui l’a accompagnée depuis le début du processus électoral pour la matérialisation d’une telle initiative.
15.La Mission salue les accords entre les acteurs politiques pour décrisper le climat politique, ce geste constitue un espoir pour la consolidation de la démocratie dans la sous-région et au de-là, pour l’Afrique toute entière.
16.La Mission encourage tous les acteurs (Etat, partis politiques, société civile, corps socio professionnels, etc.) à poursuivre cette même dynamique de consultation, de concertation, de dialogue pour la pacification de l’espace politique, mais aussi pour amorcer définitivement le tournant du développement socio-économique
17.La Mission remercie tout spécialement la SYCED pour son engagement et sa présence tout au long du processus
18.La Mission salue la sagesse, la maturité et le sens de responsabilité du peuple togolais qui s’est exprimé dans le calme et la sérénité
19.La Mission exhorte tous les acteurs à utiliser les voies légales pour toute contestation éventuelle des résultats
20. La Mission remercie et félicite l’ensemble des observateurs, des moniteurs, des superviseurs sur le terrain pour la qualité des informations remontées nous ayant permis de juger du processus depuis le début.
Lomé, le 27 juillet 2013
La Mission d’Observation Electorale