Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
En plus des monitorings des réseaux sociaux, de la loi sur le parrainage et de la violence, le Gorée Institute, tenant compte des facteurs d’instabilité électorale pouvant découler de la manipulation et des prises de partie dans le traitement de l’information, intègre dans son programme le module du monitoring des médias pour parer à une mauvaise couverture de l’information relative à l’élection présidentielle sénégalaise du 24 février. En effet, il importe de rappeler qu’historiquement, les médias au Sénégal ont participé à tous les débats politiques ainsi qu’à la plupart des combats ayant permis d’engranger des acquis démocratiques. C’est ainsi qu’une partie du sursaut démocratique ayant permis l’alternance de 2000 leur fut imputée fort de la transmission en temps réel des résultats.
Toutefois, il convient de noter que cette vitalité, ce foisonnement et cette contribution de la presse dans les acquis démocratiques au Sénégal renferment plusieurs travers. La revendication à la contribution dans l’approfondissement de la démocratie au Sénégal semble légitimer certaines pratiques au sein de la presse. D’autant que la reconfiguration de l’espace public, au lendemain du processus électoral de 2012, renseigne à souhait sur la complexité des rapports entre l’espace politique et celui des médias, avec un brouillage des interrelations rendant ainsi « illisibles » les rapports média/pouvoir politique et qui pourraient impacter négativement le comportement de ces médias dans les futures échéances électorales. Des appréhensions corroborées par la nature de la couverture médiatique du processus politique en cours. Fort donc de ces constats, le Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture, dans le cadre son large programme d’observation et de monitoring de la présidentielle sénégalaise, a noué un partenariat avec le Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) en vue d’accompagner une phase du processus électoral par le monitoring des médias afin d’apprécier la nature de la couverture de l’information par les médias dans le cadre de l’élection présidentielle au Sénégal. A travers son Unité d’Assistance Electorale (UAE), l’Institut panafricain vise à prévenir les conflits électoraux liés à une mauvaise couverture de l’information en période électorale.
Ainsi, les 26 et 27 janvier 2019, trente (30) moniteurs des médias, tous étudiants au CESTI, seront formés au monitoring des médias et aux techniques de remontées des informations via une plateforme technologique. A travers cette formation, au moins 4 rapports de monitoring électoral seront produits dans une perspective de prévention de conflits électoraux et de production d’informations d’aide à la décision, ainsi qu’un rapport final de monitoring qui sera partagé avec les parties prenantes et diffusé largement avec toutes les parties prenantes, dans une perspective d’amélioration du processus électoral, le cas échéant.
Spécifiquement, le Gorée Institute projette, avec ces professionnels des médias, de mettre en place un Projet de monitoring des médias et de disposer d’un outil de plaidoyer dans une perspective de contribuer à l’approfondissement du débat démocratique sous le prisme des médias. A travers ce monitoring, l’Institut veut, entre autres objectifs, effectuer une analyse quantitative des éléments tels que l’éthique, l’équilibre, les stéréotypes etc. Gorée Institute vise également à comprendre les tendances dans les médias à partir d’une exploitation détaillée de leurs contenus, disposer d’un instrument de veille démocratique, pouvoir comparer les tendances des médias entre différentes périodes et avoir un aperçu sur la manière dont certaines questions, certains groupes, certains pays sont représentés.