Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Auteurs de violences électorales en Guinée
Le monitoring de la violence électorale effectué en Guinée du 26 septembre au 1er octobre 2013 et le jour du vote le 28 septembre 2013 a permis de constater que les incidents de violence ont été commis par divers auteurs sur l’ensemble du territoire national. En effet, les deux cas de violence enregistrés dans la journée du 27 septembre 2013 à Kissidougou et à Coyah ont été le fait de militants de partis politiques. Le jour du scrutin, des incidents de violence électorale ont été signalés dans certaines localités du pays dont Kaloum, Coyah, Kouroussa, Kissidougou et Guékédou. Dans un BV de la commune de Kaloum, c’est un candidat de l’UFR qui a proféré des menaces verbales. A Coyah, un militant d’un parti politique a pris pour cible un bureau de vote et injures contre le personnel électoral. Une violence électorale verbale, perpétrée par le Secrétaire Général du parti PEDN, a aussi été constatée à Kouroussa dans un bureau de vote. Une autre violence électorale verbale41 opposant des membres d’un BV (le Président et le représentant d’un parti de l’opposition) a été notée à Kissidougou. Enfin, à Guékédou (notamment au BV N° 2 du lycée Tito), des électeurs ont été intimidés. Même si la période postélectorale a été relativement calme, les moniteurs ont fait état de quelques incidents isolés de tension parfois moyenne, voire forte. La journée du 1er octobre 2013 a été marquée par un incident majeur dans la préfecture de Fria. En effet, le domicile d’une militante du RPG à Fria a été incendié par des militants de formations politiques adverses non identifiés.
Auteurs de violences électorales au Sénégal
Le processus électoral lors de la présidentielle de 2012 au Sénégal, notamment durant la période préélectorale, a été marqué par des incidents parfois très violents. Parmi les principaux auteurs, on peut citer les militants des partis politiques, les membres des mouvements politiques et les forces de sécurité. De la période allant de la validation de la candidature du Président sortant Abdoulaye Wade au 1er tour du scrutin préside ntiel, les incidents électoraux violents observés ont pour la plupart pour auteurs, d’après le monitoring, des militants de partis politiques (41%), des partisans des mouvements politiques (33,3%) et des forces de l’ordre (22,2%). Pour la plupart, ces incidents résultent d’affrontements entre les forces de l’ordre et les militants de partis politiques et de mouvements citoyens lors de manifestations organisées par le M 23. La région de Dakar (73,3%) était le principal foyer de violence électorale avec 48% des incidents localisés dans le département de Dakar. Les principaux auteurs de ces incidents de violence électorale, dans la région de Dakar, étaient les militants des partis politiques et les membres de mouvements citoyens (74%) et les forces de sécurité (22%). Une baisse significative de la violence a été constatée après la période préélectorale du 1er tour. Que ce soit lors du premier tour, ou pendant la suite du processus électoral, les incidents signalés étaient assez isolés et d’une moindre gravité. Durant l’entre deux tours, seuls quatre42 incidents majeurs dont trois dans les départements de Dakar et de Tivaouane ont été relevés. Néanmoins, on a constaté une recrudescence43 de la tension électorale pendant les dix premiers jours de la campagne électorale du second tour. Les principaux auteurs étaient des militants de partis politiques (60%) ou des membres de mouvements politiques (20%) et, dans une certaine mesure, des agents des forces de sécurité (20%). L’histoire politique du Sénégal révèle que les partis politiques ont toujours été considérés comme les principaux acteurs de la violence électorale. Cette situation résulte d’un déficit de formation des militants politiques sur les enjeux des scrutins, pour les candidats et leurs partisans. En effet, la course à la richesse semble demeurer l’enjeu principal de la lutte pour le pouvoir. Le manque de formation, et en particulier sur le respect et la protection des droits de l’Homme par les forces de sécurité, est un facteur important de survenance d’incidents électoraux violents. La répression disproportionnée et souvent très violente des manifestations du Mouvement du 23 juin en est une parfaite illustration.
Auteurs de violences électorales au Togo
A l’instar du Sénégal, les rapports relatifs aux incidents de violence survenus au Togo mettent en cause les partis politiques. Ces rapports concernant les législatives de 2013 imputent 54% des scènes de violence aux partis politiques. Contrairement à ce qui a été observé au Sénégal, où les partis politiques et les forces de sécurité sont considérés comme les principaux auteurs de violences, les agents électoraux et les électeurs au Togo sont suivis de loin par les forces de sécurité.
Victimes de violences électorales
Du fait d’actions irréfléchies et incontrôlées, les victimes de violences électorales ne se limitent pas toujours aux individus qui peuvent par ailleurs en être aussi les auteurs. Et les incidents de violences électorales ne frappent pas seulement leurs cibles ; ils débordent pour atteindre d’autres catégories de la population, dont certaines sont étrangères au jeu électoral.
Victimes de violences électorales en Guinée
A la veille du scrutin des législatives du 28 septembre 2013, les moniteurs de la violence ont fait état de deux incidents à Kissidougou et à Coyah. Ces incidents de violence électorale ont eu pour victimes des militants de partis politiques et des agents électoraux. Les membres de BV n’ont pas été épargnés par des incidents de violences. Le jour du scrutin, à travers le monitoring de la violence, il a été constaté des incidents de violence (plus particulièrement de violence verbale) dont ont été victimes des membres de BV dans les localités de Kaloum, de Coyah, de Kouroussa et de Kissidougou. Dans la localité de Guékédou (notamment au lycée Tito BV N°2), des électeurs ont subi des intimidations. Les incidents de violence électorale, certes très isolés, se sont poursuivis durant la période postélectorale. Ainsi le 1er octobre 2013 dans la préfecture de Fria, une militante du parti politique RPG a vu son domicile incendié par des individus supposés appartenir à des formations politiques adverses. Il est important de signaler qu’en Guinée, durant la période du processus électoral observée par les moniteurs de la violence, les victimes d’incidents de violence électorale sont principalement des militants de partis politiques, des membres de bureau de vote et des électeurs.
Victimes de violences électorales au Sénégal
Les incidents constatés durant le processus électoral de l’élection présidentielle de 2012 au Sénégal ont provoqué de nombreuses et diverses victimes. Les manifestations du M23 organisées à Dakar et à l’intérieur du pays contre la candidature du Président Abdoulaye Wade ont provoqué de nombreux incidents, notamment dans la région de Dakar. Les victimes de ces incidents de violence électorale sont, entre autres, des militants des partis/mouvements politiques, des agents de sécurité, des candidats, les populations et l’Etat. Les militants de partis/mouvements politiques (85%) sont les principales victimes de violence électorale. Les forces de l’ordre ont aussi fait l’objet de violences électorales. Un policier a perdu la vie dans les affrontements entre les manifestants du M23 et les forces de sécurité. Un parlementaire, qui fut par ailleurs candidat à la présidentielle de 2012, Cheikh Bamba Diéye, a aussi été violenté par les forces de l’ordre lors d’une manifestation du M23 sur la place de l’Indépendance, manifestation interdite par le Préfet de Dakar. Les populations n’ont pas été épargnées par les incidents de violence électorale. Les riverains de la Place de l’Obélisque ont été victimes de dégâts collatéraux lors des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. Il en est de même pour les marchands ambulants du marché Sandaga. Ces derniers n’ont pas seulement été privés de travail durant les journées de manifestations généralement violentes à Sandaga et aux alentours. En effet, leurs tables ont été brûlées par les manifestants suite aux événements. Des voitures de particuliers ont également été saccagées par des manifestants. Des victimes de ces incidents de violence électorale n’ont pas seulement été enregistrées durant la phase pré-électorale, même si la tension a fortement baissé d’intensité par la suite. Au cours de la campagne du 1er tour, les candidats Abdoulaye Wade et Ousmane Tanor Dieng ont été victimes de violences électorales physiques, respectivement à Ngédiéne et à Rebeuss. Pendant la campagne du 2ème tour, on a aussi noté l’agression physique du candidat Macky Sall à Saint Louis. La presse étant devenue un élément important dans le jeu électoral et surtout dans la transparence du procès sus électoral, elle peut aussi être la cible de certains acteurs du processus électoral. Dans sa mission d’information, la presse relaie les incidents de violence électorale mais elle peut en être la victime. Des journalistes ont été victimes d’agressions. C’est le cas du correspondant de Walf FM à Fatick, agressé par des partisans supposés du responsable du PDS de la localité, Sitor Ndour. C’est aussi le cas de journalistes de la RTS déclarés persona non grata dans les manifestations du M23. Il est à noter que les journalistes sont souvent accusés par les auteurs de violences de manquer d’objectivité et de neutralité dans leur mission d’informer. Enfin, certains services publics ont été affectés par ces incidents de violence électorale. La destruction d’institutions municipales et celle de voitures de l’administration ont été enregistrées durant les échauffourées ayant opposé généralement les forces de sécurité aux manifestants du M23.
Victimes de violences électorales au Togo
Concernant les victimes de violences électorales au cours du processus électoral des législatives de 2013 au Togo, elles concernent plusieurs catégories de personnes. Les moniteurs de violence ont constaté que les leaders et militants des partis politiques sont les plus touchés par les incidents de violences électorales (42%). A cet effet, il est à noter l’interpellation de leaders et de militants dans les rangs de l’OBUTS45, de l’ANC46, CST47 et du FRAC48. Une procédure judiciaire a été ouverte et l’opposition a craint une portée politique de celle-ci. Les militants des partis politiques, principales victimes de violences électorales, sont suivis des électeurs (21%). Mais d’autres catégories de personnes ont également été touchées par les incidents de violence.
Source: « Violences électorales en Guinée, au Sénégal et au Togo », © copyright : Gorée Institute – Edition 2015