Centre pour la Démocratie, le Développement et la Culture en Afrique
Sur le plan économique, le Mali dispose des potentialités minières exceptionnelles. Selon la Banque de France, le pays possède près de 1 million de km² de bassin sédimentaire, d ’ i m p o r t a n t s gisements de gaz et d’uranium, plus de 2 milliards de tonnes de réserves en minerai de fer, des réserves de bauxite estimées à 1,2 milliard de tonnes et des réserves de manganèse de plus de 20 millions de tonnes. Avec 45,9 tonnes d’or produites, l’exportation de l’or a rapporté 856,9 milliards de FCFA, confortant ainsi le Mali dans sa place de 3e producteur africain de métal jaune, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana.
Dans le domaine pétrolier et gazier, les travaux ont permis de révéler cinq bassins sédimentaires prometteurs. Enfin, un important potentiel existe en termes d’énergies renouvelables (solaire, hydroélectrique, éolien). Il s’agit pour le Mali d’explorer les possibilités pour l’exploitation de ces ressources afin d’accroître leur contribution à l’économie.
Les points forts de l’économie malienne résident dans ses secteurs agricoles, céréaliers et cotonniers, ainsi que le secteur minier dont les potentialités restent faiblement explorées et exploitées. La dynamique nouvelle à impulser aux entreprises est le levier du processus de transformation de l’économie à travers sa diversification, le développement des infrastructures de base et son industrialisation. Parcouru par deux grands fleuves, le Niger long de 4 184 km (le 3e d’Afrique et le 9e au monde) et le Sénégal long de 1 750 km, le Mali dispose d’importantes ressources en eau dont le potentiel est estimé à environ 148 milliards de m3 contre des besoins annuels estimés à 6,12 milliards de m3, soit seulement 4% du potentiel.
Avec de telles potentialités, le Mali pourrait raisonnablement ambitionner de devenir une puissance agricole (« grenier de l’Afrique »). Et la volonté politique existe. Le Mali est l’un des rares pays africains qui consacre depuis plusieurs années 15% de son Budget d’Etat au secteur agricole. Aussi, une accélération des aménagements hydro[1]agricoles, une amélioration du système de gestion de l’eau, le développement de l’investissement privé et la promotion du partenariat public-privé dans l’agro-industrie sont nécessaires pour conforter cet engagement politique.
L’agriculture malienne est essentiellement de type pluvial. Or la saison des pluies dure entre 4 et 5 mois (mai – septembre). Or, le secteur agricole occupe 8 actifs sur 10 avec une domination des exploitations agricoles familiales et de l’élevage pastoral. Le pays est aussi très sensible au changement climatique (baisse de 20% de la pluviométrie en 40 ans) et a connu une succession d’épisodes de sécheresse depuis 1973.
En dépit de ces contraintes, le Mali affiche un bilan céréalier satisfaisant. Il est l’un des principaux producteurs de céréales de l’Afrique de l’Ouest, en particulier le riz, le maïs, le mil et le sorgho, avec une production de 10 millions de tonnes réalisée lors de la campagne agricole 2018-2019, toutes céréales confondues. Le Mali s’est classé premier en Afrique dans la production cotonnière avec 726 500 tonnes de coton.
En termes de gouvernance, hormis une expérience démocratique prématurément interrompue en 2012 et relancée un an plus tard, et en dépit d’importants moyens mobilisés pour lutter contre la corruption, les résultats restent très mitigés. Selon le Rapport « Global Corruption Barometer-Africa » de Transparency International, sur 180 pays classés par rapport à la maîtrise de la corruption, le Mali occupe le 122ème rang en 2017 et le 120ème en 2018 dans le monde et 20ème sur 49 pays en Afrique. Le score est inférieur à celui de 2012 avec un taux de près de 6%. Pour le FMI, la gouvernance et la lutte contre la corruption demeurent problématiques au Mali. Selon Worldwide Governance Indicators, la plupart des indicateurs de gouvernance du Mali sont en recul ces dernières années. Selon les citoyens maliens, la note de perception de la corruption publique au Mali est de 32/100 (zéro étant la note la plus faible). Il existe également une forte impression de corruption du système judiciaire et d’application arbitraire des lois et des contrats. Selon le baromètre mondial de la corruption 2019, six Maliens sur dix pensent que la corruption a progressé au cours des douze derniers mois. Ils étaient deux fois moins nombreux en 2015.
Il faut donc un sursaut national pour combattre la corruption au Mali. Il s’agit de mesures nécessaires voire indispensables qui seront douloureuses pour certaines, onéreuses pour d’autres, mais sacrificielles pour tous afin de ramener, définitivement, la gouvernance dans le cercle vertueux. L’objectif est de promouvoir la vertu, l’éthique et la déontologie.
La détérioration de l’environnement est le résultat d’un ensemble de phénomènes complexes qui sont d’abord d’ordre climatique (sécheresse, variabilité de la pluviométrie ayant fragilisé l’écosystème), ensuite liés aux activités humaines (forte pression démographique, systèmes de production extensifs et inadaptés, feux de brousse, etc.). Selon la Direction nationale des eaux et forêts (DNEF), plus de 100 000 ha de forêts disparaissent chaque année.
En outre, les conditions de vie précaires des populations et leur faible implication dans la protection de l’environnement impactent également la gestion durable des ressources naturelles. La forte croissance démographique (3,6%) exerce une pression forte sur les terres cultivables et les ressources forestières. Les superficies consacrées aux cultures pluviales tendent à s’accroître au détriment des écosystèmes naturels. L’agriculture est pratiquée de façon non durable. La priorité donnée à l’exploitation des ressources naturelles non renouvelables, notamment aux mines d’or, pourrait accroître les risques environnementaux connexes.
Au regard de la dernière évaluation, le Mali a n’a pas connu des réels progrès le score étant resté négatif. Il est passé de 2 à 2.18.
Source: Rapport final Monitoring de la Stabilité institutionnelle au Sahel, Gorée Institute, 2021