Les enjeux des processus électoraux en Afrique

Les élections : élément majeur de démocratisation

 Les élections constituent un élément central de tout système démocratique. L’élection est la désignation d’une ou plusieurs personnes pour exercer un mandat électoral au moyen d’un suffrage (vote, approbation) auquel toutes les personnes disposant du droit de vote – le corps électoral – sont appelées à participer . Par cette action, le corps électoral transfère aux élus la légitimité nécessaire pour exercer le pouvoir attribué à la fonction objet de l’élection. Elles traduisent le choix des citoyens quant à la gestion de leur destin commun et permettent d’évaluer et de redéfinir les relations entre les citoyens et leurs dirigeants.

 Piliers de la démocratie, des élections crédibles permettent la désignation de leaders légitimes, constituant une base primordiale de la bonne gouvernance. Au contraire, les processus électoraux dysfonctionnels ont tendance à détériorer le développement politique et économique ainsi que la garantie des droits de l’Homme dans les pays concernés. Afin de satisfaire les critères attribués aux systèmes démocratiques, les processus électoraux doivent être transparents, intègres, inclusifs et susciter la confiance de l’opinion publique. Dans les jeunes démocraties et en Afrique particulièrement, les élections revêtent un enjeu majeur. En effet, si le suffrage universel s’impose petit à petit comme l’instrument de régulation politique et de légitimation des pouvoirs sur le continent, les processus électoraux africains continuent de faire face à un certain nombre de défis.

Les défis électoraux en Afrique

En Afrique, les élections sont des événements attendus avec appréhension en raison des expériences passées. Les élections sont susceptibles d’engendrer instabilité et violence au sein des pays, jusqu’à la guerre civile comme ce fût le cas en Côte d’Ivoire en 2010. Au cours de ces dernières décennies, la lutte pour le pouvoir politique s’est révélée être la cause de la majorité des conflits et violences observées sur le continent. Les tensions recensées sont majoritairement relatives au respect des règles du jeu pour des scrutins libres et transparents et à l’acceptation des résultats par l’ensemble des parties prenantes.

De surcroît, la conquête du pouvoir est souvent assimilée à l’appropriation des ressources. Ainsi, de nombreux dirigeants contestent les résultats des élections et refusent de quitter le pouvoir ou usent de méthodes frauduleuses pour remporter le scrutin. Ces pratiques peuvent entrainer une contestation d’une partie de la population et dégénérer en violence.

Les risques de violence et les nombreux cas d’irrégularités ont entrainé un désintéressement de la chose politique par les populations et donc un faible taux de participation aux élections. Le taux de participation est un indicateur à l’aune duquel on jauge la légitimité d’un scrutin puisque l’on ne peut considérer un dirigeant élu avec un fort taux d’abstention comme un représentant réel de la population. Faire comprendre l’intérêt des citoyens à voter représente donc un réel défi sur le continent.

De nos jours, le nombre d’élections globalement régulières avec des alternances démocratiques apaisées croît à travers le continent, ce fut le cas au Ghana, au Cap Vert ou au Sénégal. Dans la majorité de ces pays, certains facteurs comme la présence d’une société civile active, d’organes de presses relativement libres et d’un paysage politique compétitif ont favorisé cette situation. Cela témoigne de l’approfondissement et de l’institutionnalisation progressive de la démocratie sur le continent.

Cependant, l’expérience des processus électoraux marqués par les irrégularités et la violence comme au Gabon en 2016, montre qu’il y a encore besoin de garde-fous. Pour cela, des mécanismes ont été mis en place, notamment par la société civile, pour atténuer le risque de survenance des tensions lors de la période électorale. C’est le cas du Gorée Institute avec l’opérationnalisation de Structures de veille électorale dans la cadre de Programmes d’accompagnement techniques dans plusieurs pays à travers le continent.